Mission n L'objectif de toute maternité est d'assurer à la femme enceinte un suivi et une assistance lors de son accouchement. Les spécialistes sont à ce titre unanimes à dire que les morts prénatales et néonatales sont essentiellement liées à l'absence de suivi et d'assistance. Il est, à ce titre, important, du point de vue du professeur Kaci Hadjar, chef de service de gynécologie obstétrique au CHU de Bologhine, que les femmes enceintes aient accès aux soins prénataux et qu'elles soient assistées lors de l'accouchement par des personnes bien formées à cet effet. Mais le plus important reste, sans doute, l'accès de la femme enceinte présentant des complications à des services d'orientation en cas de grossesse à haut risque ou d'urgence obstétrique tout en assurant à son enfant la protection et les soins nécessaires à son bien-être. Ce développement reste, cependant, tributaire d'une prévention efficace et d'un haut sens de responsabilité, seuls à pouvoir éviter les accidents qui peuvent survenir lors d'un accouchement. Notre interlocuteur tient, toutefois, à attirer l'attention sur un fait réel requérant une prise en charge de la part des autorités. Il s'agit «de toutes ces femmes qui viennent de l'intérieur du pays sans aucun suivi médical au préalable». «Elles nous réservent souvent de mauvaises surprises, en l'occurrence des hémorragies cataclysmiques pour diverses raisons», ajoute le professeur. En effet, en l'absence de maternité ou de centre médical proche de leur lieu de résidence et faute de moyens, ces femmes sont souvent livrées à elles-mêmes, exposant leur vie et celle de leur futur enfant aux pires dangers. «Aujourd'hui, il n'est pas excusable que ces accidents arrivent, sauf dans le cas précis d'une urgence inopinée», dira le Pr Hadjar. Nul n'ignore que nombreux sont les accidents qui peuvent être évités par un simple suivi de la femme enceinte, car «le pronostic est plus ou moins établi quant à l'accouchement de ces femmes», explique le gynécologue. Il tient à préciser, dans ce contexte, qu'«il y a autant d'accidents et d'incidents qui nous interpellent en tant que spécialistes pour que tout accouchement soit encadré, médicalisé et surveillé, parce qu'on n'est jamais à l'abri d'une complication lors d'un accouchement». Il reconnaît, toutefois, que les accidents liés à la mortalité maternelle et infantile ont connu une importante baisse grâce aux mesures prises dans le cadre du programme «Maternité sans risque». «L'Algérie a beaucoup investi dans ce programme qui considère l'accouchement comme un événement sérieux nécessitant un encadrement médical», souligne-t-il. Interrogé sur les cliniques privées et leur recours presque systématique à la césarienne, il répond : «La césarienne peut très bien être indiquée à bon escient. De toute manière, seul le médecin peut juger de son utilité.» Pour lui, si le médecin prescrit une césarienne, c'est qu'il y a au moins un risque. «Derrière cette intention de césariser, il y a souvent la peur ou le risque d'avoir un accident si l'accouchement se fait par voies basses, mais à une condition : ne pas tomber dans l'abus.»