Constat n «Le premier obstacle à la publication est la lenteur de la réponse qui peut mettre parfois des années.» Sid Ali Sekhari, libraire et éditeur à Mille-feuilles, fourmille d'idées, puisqu'il vient de lancer une collection «Souffles», consacrée à la poésie féminine. Cet «optimiste anxieux», comme il aime à se qualifier, s'est résolument engagé dans un créneau qui n'est pourtant pas très porteur en Algérie. Pour lui, ce qui complique le processus de publication d'un livre c'est l'absence de culture éditoriale qui rend difficile les contacts entre éditeurs et écrivains. Il existe des auteurs avec beaucoup de talent qui n'arrivent pas à accéder au bureau de l'éditeur, certains ne savent même pas à qui adresser leur manuscrit de crainte d'être rejetés. Et même quand il trouve un éditeur le jeune auteur doit pouvoir signer un contrat en bonne et due forme et il n'est pas toujours certain que l'éditeur respectera l'engagement pris dans le versement des droits d'auteur et la promotion de l'ouvrage. Le chemin qui mène vers un éditeur n'est pas toujours gai, dans la mesure où il n'y a pas beaucoup d'informations sur l'édition algérienne. Souvent, il y a cette confusion entre éditeur et libraire, entre éditeur et imprimeur. L'éditeur doit alors expliquer aux auteurs à la recherche d'un éditeur où s'adresser en fonction du contenu du manuscrit. S'il s'agit de poésie, la tâche sera alors plus ardue, mais si c'est un roman ou un livre d'histoire la démarche sera différente. «Le premier obstacle à la publication est la lenteur de la réponse qui peut mettre parfois des années, mais lorsqu'on juge que le livre est méritoire la réponse ne tarde pas à venir», affirme-t-il. Sidi Ali Sekhari en bon amateur de poésie s'est lancé depuis quelques mois dans l'édition d'œuvres poétiques exclusivement féminines, en réunissant dans un même espace trois auteurs. Ce sont de petits tirages de 500 exemplaires qui publient des auteurs qui ont un certain talent de l'écriture. Ce type d'édition permet à certains jeunes auteurs de s'exprimer et de se faire connaître. «Je suis le premier lecteur du livre, je lis le texte que je vais partager avec des lecteurs de base et s'il y a convergence de goût on décide de le publier. J'ai choisi des femmes parce que ce sont elles qui ont le plus de difficultés à se faire publier, parce que je pense aussi qu'il existe réellement un style féminin. Je n'ai pas beaucoup de moyens mais je paye d'avance mes auteurs, ce qui me pousse à avoir une pression pour le publier et le vendre», dit-il.