Mille-Feuille. Un espace livresque qui existe depuis à peine deux années mais qui ne cesse de gagner en audience et en opulence. Située à Alger centre, cette librairie dont le nom est une homophonie à la célèbre pâtisserie Mille-feuille- est née de la volonté d'un ex-travailleur de la défunte ENAL (entreprise nationale du livre), Sid Ali Sakhri d'apporter autre chose que de simples ouvrages à vendre.Lorsque l'ENAL avait été touchée par l'ouragan des dissolutions des entreprises publiques dictées par le FMI dans les années 90, un groupe de travailleurs avaient alors bénéficié de quelques librairies appartenant à la défunte entreprise à l'image de la librairie Ibn Khaldoun ou encore le Tiers-monde. Sid Ali Sakhri avait longtemps été actionnaire à la librairie Ibn Khaldoun de Didouche Mourad avant d'avoir vendu ses parts pour acquérir du coté de Victor Hugo son propre espace, un lieu qui ne paie pas de mine mais qui s'est fait en moins d'une année une extraordinaire réputation. Au départ, son patron, Sid Ali Sakhri avait pensé à organiser une fois toutes les semaines des ventes dédicaces, puis des conférences-débats autour d'ouvrages anciens et nouveaux, puis la publication d'une série de poèmes au féminin dénommée encore une fois sous un angle homophone, “ trois femmes autour d'un vers ”, puis à présent, “ Mille-feuille ” s'est carrément lancé dans l'arène très risquée de l'édition. C'était donc avec la poésie féminine dans le cadre d'une collection “ Souffle ” qu'il fait son entrée dans l'arène en éditant “ Trois femmes autour d'un vers ”, recueil salué par la critique et dont les 500 exemplaires se sont vendus selon le propriétaire de “ Mille-feuille ” comme des petits pains. Sid Ali s'est lancé dans un autre recueil prévu dans les prochains jours “Le parfait du subjectif ” de trois poétesses. Pourquoi cet intérêt accru à la poésie féminine ? “ Je crois au style. Et féminin. Et je sais que les femmes éprouvent de grandes difficultés à se faire éditer ” soutient-il. Aidé et soutenu par un autre orfèvre en la matière, Abderahmane Rebahi en l'occurrence, éditeur, journaliste et écrivain très connu dans le domaine, il entend mettre à profit toutes les opportunités comme celle notamment du prolongement de la manifestation, Alger capitale de la culture arabe, sur laquelle il compte beaucoup côté aide financière, pour donner plus d'entrain à sa nouvelle vocation et publier d'autres ouvrages encore. Et c'est sur la littérature et sur les jeunes auteurs qu'il place tous ses espoirs. “ Nous avons proposé à la commission chargée de l'édition au ministère de la Culture une trentaine de livres, essentiellement des romans ” révèle notre interlocuteur comme pour dire qu'en Algérie il existe un sérieux problème du roman. Un constat difficile à remettre en cause si toutes les éditions nationales ne produisent que…10 romans par an. Il faut dire que la tâche n'est pas des plus simples pour ce duo de passionnés du livre que sont Sid Ali Sekhri et Abderahmane Rebahi, comme faut-il encore dire, que rien ne semble empêcher d'aller jusqu'au bout de leur passion, qu'est justement de faire connaître les jeunes talents, dont on imagine toute la misère du monde pour se faire éditer.