Développement n Le feuilleton de l'élection à la magistrature suprême du pays connaît un nouvel épisode. Après l'élection d'hier, l'opposition zimbabwéenne a accusé, ce matin, l'Afrique du Sud d'avoir empêché le Conseil de sécurité de l'ONU de déclarer illégitime le résultat de la présidentielle organisée avec pour seul candidat le chef de l'Etat Robert Mugabe. «Ce que nous espérerions de la communauté internationale, c'est de déclarer illégitime cette soi-disant élection», a déclaré le porte-parole du principal parti d'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC). Le président sud-africain Thabo Mbeki, chargé par ses pairs d'Afrique australe d'une mission de médiation au Zimbabwe, «abandonne le peuple du Zimbabwe en agissant comme s'il protégeait un Etat voyou», a poursuivi le porte-parole. «Le fait que la communauté internationale marche sur la pointe des pieds fertilise indirectement la répression au Zimbabwe», a-t-il ajouté. Le président Mugabe a organisé le second tour de la présidentielle en dépit du retrait de la course du chef de l'opposition Morgan Tsvangirai. Au Conseil de sécurité de l'ONU, l'ambassadeur d'Afrique du Sud a empêché l'adoption d'un projet de déclaration qui aurait affirmé que les résultats de l'élection ne pouvaient avoir «ni crédibilité ni légitimité» et que les résultats du premier tour devaient donc «être respectés». Le Conseil a échoué, hier, à s'accorder sur un texte qui aurait déclaré illégitime le résultat de la présidentielle. Selon des diplomates, les 15 Etats membres n'ont pu adopter un projet de déclaration dur, rédigé par la Grande-Bretagne, et qui visait à affirmer que «les résultats de l'élection du 27 juin (au Zimbabwe) ne pourront avoir ni crédibilité ni légitimité». Le Conseil s'est borné à remarquer que «les conditions d'une élection libre et équitable n'étaient pas réunies» et a «regretté profondément» que le scrutin «ait eu lieu dans ces circonstances». Cependant, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a indiqué ce matin à Séoul (Corée du Sud) que les Etats-Unis – qui président le Conseil de sécurité jusqu'au 1er juillet – allaient travailler la semaine prochaine sur une nouvelle résolution de l'ONU pour envoyer «un fort message de dissuasion» au régime de Robert Mugabe. «(...) La représentation américaine auprès des Nations unies travaille en accord avec d'autres partenaires sur les étapes ultérieures, et notamment sur la nature de la résolution que le Conseil de sécurité pourrait vouloir adopter», a déclaré Mme Rice. «Nous verrons de quelle façon réagissent la Russie et la Chine au Conseil de sécurité. Mais il est difficile d'imaginer que l'on n'agisse pas au vu des éléments constatés au Zimbabwe», a poursuivi la secrétaire d'Etat américaine. Qualifiant l'élection au Zimbabwe d'«imposture», elle a averti : «Les Etats-Unis ont déjà mis en place un éventail de sanctions. Je pense que nous allons voir s'il y en a d'autres.»