Entre employés algériens et expatriés des firmes étrangères, les disparités, au plan de la rémunération, sont criantes. Le principe du «à travail égal, salaire égal» n'est pas du tout de mise. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette pratique peut se justifier, selon des experts. Selon Abdelkader Djamel, consultant en relations du travail, cette pratique serait, aussi paradoxal que cela puisse paraître, a priori «légale». Mieux ou pire, selon cet expert, intervenant ce matin sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, «sur le plan réglementaire , rien n'interdit cette pratique» même si l'écart peut parfois atteindre 150 fois le salaire perçu par un employé algérien qui plus est pour le même travail et suivant le mêmes qualifications. Il ajoute que cette pratique ne devrait pas être considérée sous le seul angle de droit car elle est aussi une question qui relève du domaine managerial. D'après l'intervenant, la fixation des rémunérations des salariés étrangers qui interviennent en Algérie et travaillent pour le compte de sociétés étrangères, se fait suivant deux modes. Le premier consiste à déterminer le taux de rémunération selon le pays où le contrat de travail a été conclu. En termes clairs, c'est par référence au pouvoir d'achat dans les pays d'origine des employés expatriés, qu'est fixée la rémunération. En outre et cela est valable tout autant pour les salariés expatriés que pour les employés algériens recrutés par des firmes étrangères, ici en Algérie, les niveaux de rémunération sont déterminés, essentiellement, par le pouvoir d'achat dans notre pays», souligne l'invité de la radio. «Dans la pratique, les entreprises étrangères intervenant dans notre pays donnent à leurs employés expatriés le même taux de rémunération que celui de leur pays d'origine en sus d'une indemnité, une sorte de complément, qui leur permet de subvenir à leurs besoins.» Le deuxième mode consiste, lui, à ce que «certains managers de grandes sociétés étrangères installées en Algérie, soient rémunérés suivant le contrat de travail selon lequel il leur est permis de transférer une partie de leurs salaires et qui peut atteindre 80%.» Pour étayer son propos, Abdelkader Djamel précise qu'en vertu du droit du travail de 1990, les entreprises économiques, quelles qu'elles soient et nonobstant leur statut juridique, définissent par elles-mêmes le système de classification et le niveau de rémunération de leurs salariés. L'Etat, selon l'invité de la radio, ne fait que fixer le Salaire national minimum garanti (Snmg). Pour lui, cette pratique, quand bien même injuste et discriminatoire, n'en est pas pour autant une nouveauté vu que toute entreprise a la latitude de fixer les niveaux de rémunération, même à bas prix. Et en guise de solution pour lutter contre ces disparités, l'intervenant dira qu'il n'est pas «d'avis à régir cette question par le droit, vu que nous sommes dans un processus de transformation». Il préconise de laisser les entreprises s'implanter, puis encourager la négociation, dit-il. Pour autant, il y aurait même certaines entreprises étrangères qui appliqueraient des niveaux de rémunération nettement meilleurs que ceux pratiqués par les secteurs public et privé en Algérie. Et l'intervenant de s'interroger : «Pourquoi, aujourd'hui, le niveau de rémunération des compétences dans les secteurs publics et algériens n'est pas défini librement par les entreprises ?» «Aujourd'hui malheureusement, l'Etat se comporte comme s'il était encore employeur du temps du Statut général des travailleurs (SGT)...»