Réclamation n Les pays du Maghreb veulent être considérés comme des partenaires à part entière au sein de la future Union pour la Méditerranée malgré les disparités entre les deux rives de cette mer qui sépare l'Europe de l'Afrique. Alger partage la préoccupation de Rabat de voir l'Europe imposer ses vues à l'Afrique du Nord. «Les pays de la rive sud craignent que la Commission européenne ne monopolise la décision, car nos relations avec l'UE sont déséquilibrées et la décision appartient actuellement à celui qui dispose des fonds et du savoir-faire», a souligné récemment le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci. Car, si seulement 15 km séparent les deux continents, le contraste économique est criant. Alors que le revenu par habitant est de 26 000 dollars par habitant pour les pays riverains du Nord, il n'est que de 7 000 pour ceux du sud. Par ailleurs, le poids de l'UE est considérable puisqu'elle représente 86% du PIB des pays censés participer à l'UPM. «Nous voulons inverser ce déséquilibre et construire un partenariat équilibré, égalitaire et transparent», a ajouté le ministre algérien en soulignant que cela doit être fondé sur «le concept de coresponsabilité, pour que l'esprit d'initiative et la mise en œuvre des projets ne soit pas seulement l'apanage d'une seule partie, comme cela a été dans le passé». «L'Europe doit considérer ses partenaires de la rive sud de la Méditerranée non pas comme étant des pays pauvres auxquels il faut faire l'aumône, mais plutôt des partenaires à part entière», a déclaré le «patron» des patrons marocains Moulay Hafid Elalamy. «Les deux rives de la Méditerranée n'ont pas à se regarder en chiens de faïence en essayant de se protéger les uns des autres, mais plutôt en essayant (de voir) comment, la main dans la main, ils pourront être plus puissants», a souligné, la semaine dernière, le président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (Cgem), résumant bien le sentiment des cinq pays du Maghreb invités le 13 juillet au sommet à Paris. Malgré leurs relations difficiles. Pour la Tunisie, ce projet reste important même si son cadrage a été modifié à la suite des remarques des autres pays européens. «Il s'agit d'une initiative prometteuse» susceptible d'«assurer aux pays du sud de la Méditerranée les moyens de réaliser leurs ambitions de complémentarité et d'intégration avec l'Union européenne», a noté la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Emna Chtioui. A souligner enfin que le président mauritanien Sidi Ould Cheikh Abdallahi a annoncé sa venue à Paris.