Mustapha Boudina, président de l'association des anciens condamnés à mort, a présenté, au centre d'El Moudjahid son ouvrage intitulé Rescapé de la guillotine. À travers 159 pages, cet ancien condamné à mort par le régime de De Gaulle, relate les moments de torture, de haine, de solitude qu'il a subis avec tant d'autres militants du FLN de France dans le «couloir de la mort». Dès son arrestation avec 16 autres frères d'arme à Saint-Etienne, l'armée française a exercé sur lui toutes formes de tortures. Transféré à la prison des forces armées de Lyon puis renvoyé encore dans «le couloir de la mort» à Lyon, le détenu a dû vivre les moments sombres et les plus douloureux de sa vie et supporter ainsi toutes les exactions du colonialisme. D'ailleurs, en évoquant ses compagnons de prison comme Lakhdar Khlifi, Mouloud Bougendoura, Makhlouf Abd El hak, Ben Zouzou, tous morts guillotinés, Mustapha Boudina n'a pas pu retenir ses larmes. Il s'est excusé auprès de l'assistance de ne pas pouvoir continuer de décrire toutes ces scènes de terreur, d'humiliation, de torture barbare subies par les détenus dans cette prison de non-droit pour l'être humain. Aujourd'hui en s'engageant à écrire ce livre après des moments d'hésitation, l'auteur veut bien apporter des témoignages vivants et transmettre des messages forts en renseignements aux générations futures pour faire «sortir de l'oubli» ces hommes et femmes qui ont sacrifié leur vie pour que vive l'Algérie. «L'objectif de mon ouvrage n'est nullement commercial, mais je souhaite qu'il soit diffusé et distribué à plus grande échelle dans des lycées et les établissements universitaires», déclare M. Boudina. «Mon histoire est l'histoire de 1 800 autres condamnés à mort détenus dans des prisons d'Algérie et de France. Le régime colonial a exécuté 280 condamnés durant la période de la guerre d'Algérie», témoigne l'orateur. Pour l'auteur le gouvernement devrait consacrer à la mémoire des condamnés une journée commémorative nationale. Il est à rappeler que l'association des anciens condamnés n'a pas cessé depuis 2004 de demander aux autorités algériennes de consacrer à cet effet la date du 19 juin qui coïncide avec l'exécution d'Ahmed Zabana et Faradj. Le ministère des moudjahidine a refusé cette demande. «Nous n'avons jamais demandé à que cette journée soit chômée et payée. Cela ne peut pas expliquer ce refus du moment qu'il existe des journées commémoratives qui ne sont pas payées comme le 20 août par exemple qui coïncide avec la date de la tenue du congrès de la Soummam et les attaques de Nord constantinois». Le livre de Mustapha Boudina Rescapé de la guillotine est disponible actuellement dans les librairies. Son prix est 360 DA. Sa préface est faite par Ali Haroun.