Réunis autour d'une table ronde, organisée hier au centre de presse d'El Moudjahid, par l'association nationale des condamnés à mort et l'association Michaâl Echahid, les rescapés de la guillotine ont dressé un tableau des plus macabres des atrocités subies par cette frange de moudjahidine dans «les couloirs de la mort». Cette rencontre organisée à l'occasion de la commémoration du 50e anniversaire de l'exécution d'Ahmed Zabana et de Abdelkader Ferradj, a vu la participation du ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, M.Djamel Ould Abbès, Maître Mahmoud Zoultane, l'avocat de Zabana ainsi que Boualem Debbah, un ancien gardien à la prison de Serkadji. Le président de l'association nationale des condamnés à mort, Mustapha Boudina, a tenu à préciser que la commémoration de la journée du 19 juin, qui coïncide avec l'exécution de Zabana, est dédiée à la mémoire de tous les 199 Algériens exécutés par la guillotine, sans oublier, ajoute-t-il, les 1800 condamnés à mort qui ont échappé de justesse à cette machine infernale. Toutefois, précise M.Boudina, «nous ne portons pas des sentiments de haine à l'encontre du peuple français, seulement, nous voulons que justice soit faite». L'amitié entre le peuple algérien et le peuple français, ajoute-t-il, est scellée par le sang des Algériens qui ont combattu pour la France pendant les deux guerres mondiales et celui des Français qui ont soutenu la révolution algérienne. Abordant les conditions de jugement, Maître Mahmoud Zoultane a indiqué que les condamnations à mort, prononcées par les magistrats des tribunaux militaires français, comme en témoigne leur nombre (2000), ne respectent aucune des règles de la justice. Cela, ajouté au non-respect de la convention de Genève, concernant les droits des prisonniers de guerre. L'avocat a rappelé à l'assistance, le déroulement de l'exécution de Zabana en indiquant que le couperet de la guillotine s'est arrêté, à deux reprises, à deux doigts du cou du martyr, mais les responsables ont ordonné aux bourreaux: «Continuez, jusqu'à ce que mort s'ensuive». Le ministre de l'Emploi et de la Solidarité a insisté de son côté sur le devoir des historiens qui devraient mener un travail d'investigation plus approfondi, pour faire connaître à la postérité «la grandeur de notre révolution». Les témoignages de Boualem Debbah et d'autres condamnés à mort ont retenu l'attention de l'assistance. Ils ont décrit les scènes des exécutions effectuées par la fameuse «finga» et ont parlé de l'attente de la mort qui guette les condamnés à l'aube de chaque matin. Le président de l'association nationale des condamnés à mort a déclaré, en guise de conclusion, que les détenus de la prison de Lyon avaient un slogan qu'ils transcrivaient sur les murs: «La meilleure fin pour une meilleure vie est de mourir pour la patrie.»