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Condamné à mort : «Ne me pleurez pas et soyez fiers de moi»
Les rescapés de la guillotine, mémoire vivante de l'atrocité du joug colonial
Publié dans La Tribune le 20 - 02 - 2010

«Je vous écris sans savoir si cette lettre sera la dernière et cela, Dieu seul le sait. Si je subis un malheur quel qu'il soit, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu car la mort pour la cause de Dieu est une vie qui n'a pas de fin, et la mort pour la patrie n'est qu'un devoir […] Ne me pleurez pas et soyez fiers de moi». On se souvient tous de la lettre écrite de la main d'un homme qui n'a pas tremblé alors qu'il s'apprêtait à mourir. Fièrement. Ahmed Zahana a bravé courageusement le joug colonialiste. Condamné à mort en avril 1956, il fut le premier martyr depuis le déclenchement de la guerre de libération nationale à monter sur l'échafaud, le 19 juin 1956, dans l'enceinte de la prison de Barberousse. Son exécution avait été réclamée à cor et à cri par les milieux colonialistes. Mais son cri à lui a été dominant : «Tahya El Djazaïr» retentit toujours dans les couloirs sombres de la prison. Exposée au Musée central de l'armée, la guillotine qui a fait tomber la tête du héros de la guerre de libération rappellera jusqu'à la fin des temps l'atrocité coloniale. Cette machine de la mort restera un témoin irremplaçable des crimes commis par le colonialisme pendant la révolution algérienne. Près de 200 militants de la cause nationale, sur les 2 000 condamnés à mort, ont été exécutés entre 1956 et 1962 car les autorités judiciaires
coloniales avaient jugé «juste» de leur couper la tête avec une lame de plus de 70 kg lancée d'une hauteur de 3,5 mètres. Mais c'était sans compter avec la détermination des femmes et des hommes algériens, et, pour l'éternité, le nom du martyr Ahmed Zabana restera rattaché à l'usage de la guillotine en Algérie. Le 19 juin 1956 se souviendra également de l'exécution de Abdelkader Ferradj, un autre martyr de l'Algérie. D'autres Algériens comme des Français solidaires de la cause nationale furent tout aussi impitoyablement étêtés. Selon des chiffres fournis par d'anciens condamnés à mort, il y eut en tout 69 exécutions de cette façon à Alger, 56 à Constantine, 51 à Oran et 22 en France. Plus nombreux sont ceux qui, condamnés à mort, ont eu la vie sauve. Ils ne peuvent oublier, aujourd'hui encore, cette attente de l'exécution.
Ils gardent encore l'amer souvenir des moments passés à la prison de Barberousse, des moments chargés de souffrances, d'humiliations et de terreur. Mostefa Boudina, un rescapé de la guillotine, est aujourd'hui le président de l'Association des condamnés à mort.
Traqué pendant six mois par les services de sécurité français et arrêté dans une cité habitée par les Nord-Africains à Lyon, M. Boudina, condamné à mort suite à un jugement «expéditif» du tribunal militaire de Lyon, a révélé dans son livre Un rescapé de la guillotine que, dans la prison de Fort Montluc, il a vécu l'exécution de trois militants de la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN), à savoir Bouguendoura Miloud, Lekhlifi Abderrahmane et Makhlouf Abdelkader.
Dans son témoignage, Mustapha Boudina a longuement parlé de son compagnon de cellule, Lakhlifi Abderrahmane, arrêté à l'âge
de 19 ans. Lakhlifi qui subira les sévices du couloir de la mort avant de passer à la guillotine a adressé un dernier message à la génération de l'indépendance. «Aimez l'Algérie comme nous l'avons aimée», a-t-il crié avant d'être exécuté.
D'autres rescapés de la guillotine ont retracé les moments terribles de l'attente. Comme Ali Drafli, condamné à mort en 1957 alors qu'il n'avait que 21 ans, qui a admis avoir été «terrifié» à l'idée de mourir la tête coupée, mais le fait que le sacrifice en valait la peine a «beaucoup atténué» sa peur. «L'attente de la mort était insupportable. Nous vivions chaque minute qui passait en attendant l'aube comme une éternité car nous ne savions pas, de surcroît, qui d'entre nous allait être exécuté», a témoigné M. Drafli dans les colonnes d'un confrère. Il y a aussi le témoignage de M. Ould Hammou, ancien condamné à mort, qui a évoqué les derniers moments passés avec le premier condamné exécuté dans la prison de la Santé de Paris le 26 septembre 1958 à l'aube. Il s'agit de Bellil Abdallah, mort très jeune pour avoir aimé sa patrie et défendu sa cause.
Très jeunes aussi, des femmes courage de l'Algérie colonisée ont été capturées, torturées et condamnées à mort. Les Djoher Akrour, Jacqueline Guerroudj, Zahia Khalfallah, Djamila Bouazza, Djamila Bouhired, Baya Hocine, Djamila Boupacha et d'autres ont voué leur jeunesse à la patrie et sacrifié leur vie pour elle, donnant une leçon de courage à leurs bourreaux.
Certaines n'avaient que 16 ans comme Bouhired alors que Jacqueline Guerroudj était maman de cinq enfants et l'épouse de Abdelkader Guerroudj, condamné à mort également. Toutes ces femmes se rappellent les «Allah ô Akbar !» crié par leurs frères de combat en partant vers la guillotine. Elles se rappellent leur réveil en sursaut pour chanter, agrippées aux barreaux : «Ikhouani la tensaou echouhada» ou encore «Min djibalina».
Aujourd'hui, ces femmes et ces hommes sont immortalisés dans la mémoire de chaque Algérien. Tous ont défoncé la porte de l'Histoire pour s'y éterniser. Ils sont nombreux, ces glorieux de la révolution, à s'être engagés tout naturellement dans le combat libérateur. Ces femmes et ces hommes, autant celles et ceux médiatisées que les anonymes qui sont légion, ont affronté tous les dangers et subi les pires sévices dans les geôles coloniales. Ces condamnés à mort, autant que d'autres, se sont donnés corps et âme à la cause nationale.
Aux martyrs et à tous les moudjahidine, la génération d'après l'indépendance doit beaucoup. Aujourd'hui, il ne reste qu'un millier de ces condamnés à mort. Ces derniers doivent bénéficier d'un statut particulier et hissés au rang de cadres de la nation. Ce ne sera que peu de reconnaissance pour ceux qui se sont offerts âme et corps à ce pays.
Quant à la France coloniale qui refuse jusqu'à aujourd'hui de présenter des excuses pour ses crimes contre l'humanité, elle ne pourra échapper à l'histoire qui retiendra que les Français ont utilisé la guillotine pour la première fois en Algérie en 1843, treize ans seulement après le début de l'invasion. Est-ce là une image des «aspects positifs» de la colonisation ?
H. Y.


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