Résumé de la 4e partie n Hannah commence à faire le ménage dans la cabane, quand elle remarque que Jeffrey n'est plus là... Je sortis sur le porche. Pas de Jeffrey. Le soleil était haut dans le ciel, au-dessus de la cime des arbres, mais je voyais l'endroit où il disparaîtrait derrière celles-ci, et j'eus un moment de panique. Je ne voulais pas voir cet endroit sans le soleil. Je m'avançai sur la petite jetée pour regarder la plage. J'aperçus une deuxième cabane délabrée à une bonne centaine de mètres sur la gauche, mais pas le moindre signe de vie. Jeffrey l'avait bien dit. Notre unique voisin était parti. Je rebroussai chemin et appelai, dans l'espoir de surmonter mon affolement. — Jeffrey ! — Par ici ! (La voix venait de quelque part sous la cabane.) Les tuyaux sont en bon état. Essaie la pompe, tu veux bien ? Je rentrai dans la cabane et actionnai la pompe. Un dépôt de rouille brunâtre gicla dans l'évier. — Continue à pomper, dit Jeffrey derrière moi. Ça va s'éclaircir. Il disparut à nouveau, pour revenir avec une brassée de bois au moment où l'eau coulait, enfin claire. — Il faudra encore en couper. Les nuits sont fraîches, par ici. Les nuits. J'éprouvai une envie soudaine de respirer à l'air libre. — Si on allait faire un tour ? Jeffrey me suivit dehors. Je m'arrêtai sur la jetée pour regarder vers la gauche puis vers la droite. Le choix s'imposait. A l'est, la plage de sable blanc disparaissait sous les roseaux et la végétation du sous-bois à trente mètres de notre jetée, mais à l'ouest elle s'étirait gracieusement en croissant jusqu'à l'embarcadère du voisin absent et au-delà. Nous descendîmes de la jetée pour marcher vers l'ouest. Soleil ou pas, je me surpris à chercher la main de Jeffrey. Comme nous approchions de la cabane de Blake, je sentis ses doigts se crisper. — Qu'y a-t-il ? — Un fauteuil sous le porche. — Ah. Tu crois qu'il est là — Non. Voilà des années qu'il ne vient plus. Et il n'y a pas de voiture. Mais je n'avais jamais vu ce fauteuil. Jeffrey scrutait tout de même la cabane et je l'imitai, intriguée. Elle ressemblait beaucoup à la nôtre, en plus petite, pour autant que ce fût possible, avec le même auvent sombre et les mêmes fenêtres minuscules, mais l'amas de feuilles et de branches sur le toit et la déchirure dans le grillage de la porte-moustiquaire lui donnaient un air encore plus solitaire et abandonné. Jeffrey, apparemment, partageait cette impression. Il nous fit faire demi-tour. — Viens, retournons chez nous. Il y a du travail. Il me chargea des corvées habituelles – laver la vaisselle, préparer le ragoût. Quand j'eus compris comment me débrouiller dans cette cuisine rudimentaire et mis la marmite à chauffer doucement sur le poêle, je ressortis et constatai à ma grande surprise qu'il ne faisait presque plus jour. Le soleil effleurait la cime des arbres. J'entendais les coups de hache de Jeffrey dans la forêt, quelque part derrière moi. Je m'avançai sur la jetée et m'assis, les pieds ballants au ras de l'eau, pour regarder le soleil disparaître. (à suivre...)