Résumé de la 6e partie n Jeffrey rejoint Hannah au bord de la jetée et n'apprécie pas la présence du voisin. La nuit tombée, tous deux regagnent la cabane... Le bras qui m'entourait se raidit. Etait-il en colère ? Je ne voulais pas que Jeffrey se mette en colère. Et maintenant, à cet instant précis, il me semblait bien que ma place était ici avec lui. Le bois crépitait agréablement dans le poêle, l'éclat de la lanterne réchauffait les murs sombres, les mains de Jeffrey réchauffaient ma peau, et tous les doutes que j'avais pu nourrir à son sujet semblaient s'estomper comme la pénombre des bois. Je dormis tout de même mal cette nuit-là, trop attentive aux bruits de la forêt, aux odeurs de la cabane et aux fantômes que je croyais apercevoir. Au lever du jour, les choses s'arrangèrent un peu, et j'étais encore dans un demi-sommeil, à neuf heures, quand Jeffrey m'effleura la joue de ses lèvres. Il faut que j'aille en ville chercher de la glace. Ne bouge pas. Le café est sur le feu. Les mots ne parvinrent pas vraiment à mon esprit. Ce fut seulement en entendant vrombir le moteur de la voiture que je me dressai d'un coup, complètement réveillée. «Jeffrey !» J'attrapai mon peignoir et me précipitai sur le seuil, trop tard, à quelques secondes près. Les feux arrière clignotèrent entre les arbres, puis disparurent. Mais le soleil était là. Tel un gros ballon jaune citron, resplendissant, suspendu au-dessus des arbres, il chassait déjà les ombres et réchauffait l'atmosphère. Je rentrai dans la cabane pour me servir un café que je rapportai sur l'embarcadère. Je tâtai l'eau de mes orteils. Elle était étonnamment tiède. Mon café bu, je retournai à l'intérieur pour enfiler un maillot de bain, puis je courus jusqu'à l'extrémité de la jetée et piquai une tête. C'était plus froid en profondeur. Je respirai un grand coup en refaisant surface et me mis à nager de mon crawl un peu raide, parallèlement au rivage. Comme je ne pratiquais plus la natation de façon sérieuse depuis un certain temps, je fus très vite fatiguée. J'étais à une trentaine de mètres de la cabane de notre voisin quand je m'arrêtai, à bout de forces. Je décidai de rejoindre directement le rivage pour rentrer à pied. Je me dirigeai donc vers la plage et pris pied sur le sable en frissonnant. Comme je me penchais en avant pour essorer mes cheveux, une voix s'éleva derrière moi : — C'est un coup de couteau que vous avez reçu dans le dos ? Mon cœur bondit dans ma poitrine. Je me retournai. Les mains sur les hanches, solidement campé sur ses pieds nus, l'homme ne souriait pas. Le pêcheur. Ce ne pouvait être que le pêcheur. Mais la haute silhouette noire aperçue la veille à la tombée de la nuit semblait maintenant tout en or. Le soleil s'accrochait dans ses cheveux et dans les poils de son torse, de ses jambes, de ses bras. Même son short kaki prenait un reflet doré. — Un coup de couteau ? Il pointa le doigt vers mon dos. — Cette blessure, là. (à suivre...)