Débat n Sur les sables fins de la plage Mazafran, à Zéralda, les estivants donnent leur avis sur les fléaux ciblés par la campagne Info-Plages. S'amusant avec ses sœurs et amies sur la plage, Sakina de Blida trouve le sujet tabou et ne dira pas plus que ces mots : «Cette campagne est utile et je l'encourage car la société algérienne baigne dans le fléau de la drogue. Notre jeunesse est menacée par les psychotropes et le haschisch. Il faudrait d'abord punir les vendeurs de ce poison». Abderezak Laâdaïmia, éducateur à Info-com de Guelma, estime, pour sa part «nous avons toujours eu un problème de communication dans notre société et les relations entre les gens ne sont plus les mêmes. Selon mon expérience, il y a beaucoup de jeunes qui n'attendent que d'être écoutés». «Nous activons dans ce sens et nous faisons de notre mieux», renchérit Boukhari Bensaâda, représentant d'Infocom de Djelfa. Djamel, cadre commercial de Guelma, se trouve à Zéralda pour un séminaire. Il en profite pour bronzer en compagnie de ses collègues. Il se dit révolté par l'accentuation de la consommation de drogue chez les jeunes : «L'Algérie était un pays de transit vers d'autres pays, mais, malheureusement, il est devenu consommateur». «Qui veut démolir les jeunes ?», s'interroge-t-il, avant de rappeler que «c'est la même politique qui a été appliquée par l'Angleterre pour combattre les Chinois avec ‘'la guerre de l'opium''. Certains pays qui n'aiment pas l'Algérie encouragent le phénomène». Son collègue l'interrompt et suggère que «les services qui luttent contre la drogue ne devraient pas focaliser leur attention sur le consommateur seulement, mais ils doivent lutter d'abord contre ceux qui introduisent ce poison et le propagent au milieu de nos jeunes». Un autre jeune, la trentaine, qui vient de sortir de l'eau, intervient : «Nous avons un problème de sensibilisation. Si nos enfants avaient été éduqués à refuser la drogue et à dénoncer ceux qui la proposent, on n'en serait pas arrivé là». De nombreux jeunes estivants entourent les animateurs d'Infocom pour écouter leurs conseils. Ils sont unanimes à relever le rôle de la sensibilisation et de l'orientation dans la lutte contre la drogue et le sida. Malika de Zéralda, trouve que le phénomène de la toxicomanie a pris des proportions alarmantes et nécessite des actions urgentes : «Beaucoup de jeunes consomment de la drogue. Allez dans les quartiers et aidez les enfants car celui qui y entre ne peut pas s'en sortir seul. Ils ne trouvent pas les conditions qui les aident à arrêter». Une jeune femme accompagnée de son mari profite de l'occasion pour exposer le cas de son petit frère de 17 ans. «Nous sommes orphelins. Mon petit frère est devenu toxicomane car il n'accepte pas les problèmes, la pauvreté et le fait de vivre sans parents. Le pire, c'est qu'il est devenu dépressif depuis que nous avons perdu la femme qui nous a élevés et pris en charge. Il est chômeur et a arrêté ses études. Je m'entendais bien avec lui mais depuis que je me suis mariée, il n'aime pas mon mari. Il devient de plus en plus violent. Je voudrais qu'on l'aide en le plaçant dans un centre de désintoxication pour le sauver. J'ai peur et je m'inquiète pour lui. Faites quelque chose s'il vous plaît !»…