Résumé de la 10e partie n Ignorant que le voisin avait perdu sa femme, il y a deux ans, Hannah va lui présenter ses excuses pour réparer le quiproquo de leur précédente discussion... En roulant à travers la forêt, à notre arrivée, je n'avais vu que des pins et des chênes. Il semblait pourtant y avoir de l'autre côté de l'étang un joli bois de hêtres et d'érables des marais, reconnaissables aux touches de rouge et de jaune qui se détachaient sur un fond vert clair et vert bronze. L'étang brillait au soleil d'un éclat argenté, le ciel avait cette couleur turquoise qui semble réservée au mois d'octobre et, dans cet air juste assez vif, le soleil valait son pesant d'or. L'or. Etait-ce ce mot qui me fit penser à Peter Blake et regarder dans sa direction ou quelque mystérieuse intuition ? Toujours est-il qu'à la seconde où je tournai les yeux vers l'extrémité de la plage, il sortit de sa cabane pour se diriger vers moi. Parvenu au bord de la couverture, il tendit la main. — Pour cette blessure. Je tendis la main à mon tour et pris le tube. C'était une pommade antibiotique comme me l'apprit l'étiquette. — Merci, mais ce n'est pas si grave. Franchement, je voulus lui rendre le tube mais son regard solennel m'arrêta. Il avait les yeux verts et clairs comme l'eau de l'étang sur le sable. — Je voudrais que vous en mettiez. J'ai déjà vu des plaies comme celle-ci tourner très mal. — D'accord. Je posai le tube à côté de moi sur la couverture. — Je la nettoierai d'abord. A l'eau chaude. Il se mit à rire. — Pas facile de trouver de l'eau chaude dans ces parages. Sur ses lèvres, à nouveau, cette ébauche de sourire. Je comprenais maintenant, bien sûr, pourquoi il ne souriait jamais vraiment. Et à l'observer de plus près, je me rendais compte que cette teinte dorée lui venait de son hâle. Je tournai les yeux vers l'étang pour ne pas le regarder avec insistance et vis que le canot de Jeffrey venait enfin de réapparaître. — Comment fait-on, au juste, pour tomber contre un mur ? Je sursautai, décontenancée. — Je vous demande pardon ? — Vous m'avez dit que vous étiez tombée contre un mur. Comment avez-vous fait, exactement ? Je voyais Jeffrey en face de nous, dressé sur son siège, aux aguets. Je me relevai. — J'ai l'impression que le temps a fraîchi depuis ce matin. Je crois que je ferais mieux de rentrer. — Il fera encore plus froid à l'intérieur. Ecoutez, je sais que ceci ne me regarde pas, mais... Il se tut. Je ne quittai pas l'étang des yeux. Jeffrey ramait vigoureusement dans notre direction. Je ramassai ma couverture et le tube de pommade. — Il faut que j'y aille. Merci pour ceci. Je penserai à vous le rendre avant de repartir. — Je n'en ai pas besoin. Ecoutez..., reprit-il. (à suivre...)