Résumé de la 13e partie n Hannah a essayé de convaincre Jeffrey de retourner en ville, en vain... Je n'osai pas insister. Quelques minutes plus tard, j'étais à plat ventre sur la banquette en fer, une compresse chaude sous mon sweat-shirt. — Voilà. Quand elle aura refroidi, retrempe-la dans l'eau. Garde-la une trentaine de minutes. Je serai de retour dans une heure. Je relevai la tête — Où vas-tu ? — Au village. Ce vieux tube de pommade que Blake t'a donné ne vaut rien du tout. Je vais te chercher quelque chose qui marche. Il posa un baiser à mi-chemin entre mon oreille gauche et mon sourcil et sortit me laissant là. J'avais donc raté mon coup. Mais Jeffrey, au moins, ne se doutait pas que mes sentiments avaient changé. Je tiendrais bien ainsi une nuit, un jour de plus. Puis je rentrerais chez moi. Le seul danger, me semblait-il, était la présence de Peter Blake. Je devais me garder de l'approcher et de donner à Jeffrey une raison, même fausse de s'inquiéter. Il ne devait pas être trop difficile d'éviter un homme qui, de toute évidence, était venu ici pour être seul et en finir avec ses propres fantômes. Notre rencontre avait été purement fortuite. Médicale. Si je me cantonnais à mon bout de plage, il n'y avait aucune raison pour que nos chemins se croisent à nouveau. Et pourquoi, me demandai-je, la perspective de passer encore une nuit et une journée ici me paraissait-elle soudain deux fois plus sinistre ? Des coups discrets furent frappés à la porte. Je sursautai sur ma banquette et la compresse tomba par terre. — Qui est là ? — Peter Blake. Il n'y avait aucune raison au monde pour que mon cœur se mette à battre ainsi. Je me relevai pour ouvrir. Il avait passé une chemise. Dans l'ombre du porche il avait une allure des plus banales. — J'ai vu votre ami s'en aller. Tout va bien ? — Bien sûr. Pourquoi ça n'irait pas. (Je brandis la compresse). Vous voyez j'ai suivi vos instructions. Jeffrey est allé au village chercher un meilleur médicament, mais il ne tardera pas à revenir. Entendit-il l'avertissement ? Non. Les rides se creusèrent sur son front hâlé tandis qu'il fronçait les sourcils, mais au lieu de s'en aller, il s'avança d'un pas à l'intérieur. — Ecoutez, je suis venu pour… Dieu seul sait pourquoi je suis venu. Bon. Je sais pourquoi. Vous avez toutes les raisons de penser que je suis cinglé. Mais je ne crois pas l'être. Il y a quelque chose qui cloche, n'est-ce pas ? Je tentai de rire. — Qui cloche ? Qu'est-ce qui vous le fait penser ? — La façon dont vous avez réagi quand je vous ai interrogé sur cette blessure, pour commencer. Et la façon dont vous le regardiez. Disons que j'ai déjà vu ça. Vous aviez peur de lui. — Vraiment ? (à suivre...)