Riche par ses prestiges historiques et naturels, Rachgoun est une île qui conserve jalousement ses charmes. Très peu d'habitants de la région de Aïn Témouchent qui ont eu, jusqu'à présent, la curiosité de visiter l'île de Rachgoun : une montagne qui plonge à plusieurs dizaines kilomètres dans les profondeurs de la Méditerranée. Témoin d'un passé lointain, cette grande île compte parmi les quatre sites classés au patrimoine culturel et historique de la wilaya de Aïn Témouchent. S'étendant sur une vingtaine d'hectares, que l'on pourrait presque atteindre à la nage, elle n'a toujours pas révélé tous les vestiges qu'elle conserve jalousement. Les historiens et archéologues font remonter la présence de l'homme sur ce promontoire rocheux à la préhistoire. Ils situent l'établissement des Phéniciens, au VIIe siècle avant J.-C., attestant leur datation par des céramiques retrouvées sur ces lieux antiques et méconnus de la population. C'est le cas aussi du site classé (en 2008) de Siga, la capitale de l'immense royaume nord-africain sur lequel régna Syphax au IVe siècle avant J.-C. A en croire les recherches effectuées par l'association Bouhmidi, l'île de Rachgoun était habitée par des berbères en 650 avant J.-C. On y retrouve les vestiges d'une garnison, un réceptacle à eau, et le port qui servira aux corsaires durant le XIe siècle ainsi qu'au transit, plus tard, des bateaux d'armements destinés à la résistance de l'Emir Abdelkader. Avant la construction du phare en 1870, et l'installation d'un casernement français, les Espagnols s'y étaient implantés avec 2 000 hommes. Une nécropole comptant 114 tombes, situées à proximité du phare, aurait dévoilé «un véritable trésor archéologique», a-t-on rapporté de même source. Visible depuis le rivage, le phare qui découpe l'horizon de ses quinze mètres de hauteur, est encore utilisé pour orienter la navigation des bateaux transitant dans cette partie du golfe de Ghazaouet. Lorsqu'il fait beau, ses deux flashs de lumière rouge culminant à 81 mètres au-dessus du niveau de la mer, peuvent être aperçus jusqu'à 16 miles marins (29 km), selon les données de l'office national des signalisations maritimes (Onsm). Un habitant de Béni Saf, qui a travaillé toute sa vie à la cimenterie de cette localité, garde de bons souvenirs de ses virées sur l'île où il se rendait pour pêcher à la ligne et goûter au charme tranquille de la nature.