Mutation n Dans la recherche de plus de confort et de commodités, les habitants des villages transforment peu à peu leur mode de vie pour vivre avec leur temps. Les traditions et les pratiques rituelles, l'habit et l'architecture changent. En Kabylie, les villageois ne sont pas à la traîne de l'évolution et les villages ont peu à peu troqué leur architecture traditionnelle pour une autre, plus universelle. Des villas somptueuses poussent sur les flancs des montagnes de l'une des régions les plus peuplées au monde. Et parfois le visiteur est surpris par des habitations hors du commun comme l'étrange avion de Ouaguenoun. Un habitant de la région a eu l'idée de donner à sa maison l'aspect d'un aéronef. Le plan, nous dit-on, a été acheté en Allemagne par un ancien émigré. Cette transformation qui a donné naissance à des villages hétéroclites, n'est pas du goût de certains architectes qui pensent que la transformation aurait pu se faire de manière à préserver l'aspect du village kabyle sans pour autant renoncer aux commodités. Aujourd'hui, on rencontre un peu partout en Kabylie des villages abandonnés et en ruine. D'autres tentent de résister à l'instar du village d'Ath L'kaïd où continuent à vivre 6 familles. Situé dans la commune d'Agouni Gueghrane (daïra des Ouadhias) à 43 kilomètres à l'extrême sud de la wilaya de Tizi Ouzou, Ath L'kaïd est l'un des rares anciens villages de la Kabylie qui a échappé à la transformation et à l'abandon et qui est, de nos jours encore, habité. Pour se rendre dans le village à partir de la ville de Tizi Ouzou, il faut prendre le bus vers les Ouadhias d'abord, et ensuite vers la commune d'Agouni Gueghrane et enfin un fourgon pour arriver dans le village qui est situé à quelques kilomètres du chef-lieu de la commune. Mais depuis quelques années ses habitants en quête de plus de commodités ont commencé à le quitter en construisant en contrebas du village au lieudit Azaghar, abandonnant leurs vieilles maisons construites selon l'ancienne architecture kabyle. Le village d'Ath L'kaïd, pour peu qu'il soit pris en charge, peut devenir un important pôle touristique dans la commune d'Agouni Gueghrane et de toute la région. Mais pour cela, il faudra mettre en place toutes les commodités dont peuvent avoir besoin les familles qui y habitent encore afin de les sédentariser. Car même si celles-ci, au nombre de six, n'envisagent pas pour le moment de quitter leurs vieilles habitations, leurs enfants pourront être pris de l'envie de partir. Et si le village est abandonné, il sera tout simplement condamné à disparaître. «Un village sans vie est comme un corps sans âme», nous dit une vieille femme. «Il n'y aura plus personne pour s'en occuper et, peu à peu, il se dégradera car les autorités ne pourront pas le soigner comme nous le faisons nous qui sommes son souffle de vie.» Par ailleurs, pour pouvoir développer l'écotourisme, un projet qu'envisage de mettre en place l'association Ithrane Ath L'kaïd, il faut qu'il y ait des gens qui vivent en permanence dans le village afin de recevoir les touristes et leur offrir les commodités. Selon Samir Saci, SG de ladite association, lui et ses camarades réfléchissent à la manière d'impliquer les 6 familles dans un tel projet surtout que le village reçoit chaque été de nombreux visiteurs, dont des étrangers.