Coïncidence n Le double attentat survient à quelques heures du début des délibérations de la Cour constitutionnelle concernant une possible interdiction du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir pour activités anti-laïques. Deux bombes ont explosé dimanche soir à Istanbul, faisant au moins 17 morts et 154 blessés, un attentat qui survient alors que la Turquie traverse une période de tension, entre une enquête sur un gang putschiste et la possible interdiction du parti au pouvoir. Un blessé a succombé à ses blessures à l'hôpital, ce qui porte le bilan des attentats à 17 morts, a déclaré le ministre de la Santé. Le bilan des attaques pourrait s'aggraver car sept personnes sont très grièvement blessées, a-t-il souligné, ajoutant que des enfants se trouvent parmi les morts. 154 blessés ont été recensés dans différents hôpitaux de la première métropole du pays. L'attentat s'est produit sur une avenue commerçante du quartier de Güngören, sur la rive européenne d'Istanbul. «Il n'y a aucun doute qu'il s'agit d'une attaque terroriste», a déclaré aux journalistes le gouverneur d'Istanbul. «Il y a eu deux explosifs. Tous deux étaient disposés dans des poubelles. Ils ont explosé avec 10 à 12 minutes d'intervalle. Après la première explosion, les gens se sont, bien sûr, rassemblés et c'est alors qu'est survenue la deuxième explosion, qui a fait des morts», a expliqué M. Güler. Selon des témoins, la seconde déflagration était beaucoup plus forte que la première, étayant la thèse d'un piège destiné à faire le plus de victimes possible. De nombreuses équipes d'ambulanciers et de pompiers ont été dépêchées sur les lieux et un périmètre de sécurité a été délimité par la police, qui a également procédé à des contrôles de colis suspects dans les alentours. Sur les images diffusées par la chaîne de télévision NTV, on pouvait voir des scènes de panique, des personnes ensanglantées et désorientées courant dans tous les sens au milieu de bris de verre. NTV a affirmé que la police privilégiait la piste des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Interrogé par les journalistes sur cette hypothèse, le gouverneur a cependant estimé qu'il était trop tôt pour se prononcer. Pour la presse cependant, il ne fait aucun doute que ces attaques sanglantes sont l'affaire du PKK affaibli par des offensives de l'armée turque en Turquie et dans le nord de l'Irak, où des centaines de rebelles se sont réfugiés. Des groupes armés islamistes et d'extrême-gauche sont également actifs à Istanbul. l Les juges de la Cour constitutionnelle se sont réunis ce lundi pour se prononcer sur un recours en dissolution contre le parti au pouvoir soupçonné d'islamiser la Turquie. Le verdict des juges pourrait plonger le pays dans des turbulences politiques avec de possibles élections anticipées. Les onze magistrats réunis à 6h 35 doivent délibérer tout les jours jusqu'à ce qu'ils arrivent à un verdict, a indiqué l'agence Anatolie.