Traditions n Des festivals régionaux des arts et cultures populaires se tiennent, çà et là, à travers le pays. Initiées par le ministère de la culture en collaboration avec les directions de la culture des wilayas, ces semaines culturelles ont pour principal objectif de jeter des passerelles entre la ville hôte et celle qui l'accueille, créant ainsi une dynamique d'échange sur plan culturel et artistique. Ainsi, Constantine s'invite à Annaba, ou El-Bayadh à Oran et Adrar à Tlemcen, ou encore Tassili Nadjer à Tizi ouzou… Autant de valises – ou de caravanes – culturelles qui sillonnent l'Algérie. Ces festivals régionaux s'inscrivent dans le plan d'action engagé par le ministère de la culture depuis le début de l'année, et dont l'idée première d'organiser pareille manifestation remonte à l'année dernière, celle de 2007, dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe», où Alger a vu, tout au long de l'année, une succession ininterrompue de semaines culturelles des wilayas. Quarante-huit parmi ces dernières se sont alors succédé sur l'esplanade de Riad-El-Feth. Vu, semble-t-il, l'intérêt qu'il semble porter pour la réhabilitation du patrimoine populaire aussi bien matériel qu'immatériel et de le faire revivre dans une dynamique constante, le ministère de la culture a pris l'initiative de créer au niveau de chaque wilaya des festivals régionaux des arts et cultures populaires. L'initiative est louable, mais reste discutable. Car ces semaines culturelles dont le contenu est typique reproduisent, d'une région à l'autre, là où elles se tiennent, le même schéma. Chacune d'elles offre une carte postale de la région qu'elle représente. Toutes cultivent d'ailleurs le goût pour le folklore et donc pour le pittoresque, et cela d'une telle façon qu'elles revêtent un caractère typiquement stéréotypé, donc sans authenticité ni véritable signification. Le souci des organisateurs de faire connaître l'identité et le patrimoine de leur région est tel qu'ils en viennent à omettre l'essentiel de la tenue de pareilles manifestations à savoir d'amorcer et de développer dans la continuité une action culturelle, et, d'autre part, de créer un environnement favorable à l'imagination et à la création, en offrant, à cet effet, l'opportunité aux artistes de mettre en œuvre leur don et de s'épanouir comme tels. C'est aussi permettre aux différents artistes de l'Algérie de se rencontrer et de se rapprocher (les artistes algériens vivent dans l'isolement. Ils s'ignorent et ignorent en conséquence ce qui se fait par les uns comme par les autres), de confronter et d'échanger leurs expériences dans les différents domaines de la production culturelle, sachant bien que de la confrontation jaillit l'idée, donc la création. La culture dans l'esprit de la plupart et notamment dans l'imaginaire des opérateurs prend, ce qui est regrettable, l'aspect folklorique. Elle se résume à des pratiques exclusivement pittoresques : il est question de traditions séculaires et de capital patrimonial. Or, la culture est plus qu'un patrimoine, qu'une mémoire, ou qu'une simple histoire de coutumes et de pratiques auxquelles se livre une société. Elle est également une action et un mouvement dans lequel l'artiste est conduit à s'engager en permanence, et cela en vue de composer, de créer et donc d'apporter des faits nouveaux et une réalité culturelle inédite. La culture est recherche, réflexion et innovation.