De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Pour parler de l'intérêt porté par les élus locaux aux activités culturelles dans la ville de Constantine un constat suffit : combien de sessions des deux assemblées de la circonscription, l'Assemblée populaire communale et l'Assemblée populaire de wilaya, se tiennent périodiquement avec à l'ordre du jour l'animation culturelle ? Et combien de chartes ayant lien avec la culture ont vu le jour ? La réponse est plus que décourageante ! Il n'y a pas de quoi pavoiser. Point de grande place pour les arts. On simule sans vraiment traiter cette acune. Autrement dit, on fait semblant de s'intéresser au volet culturel sans plus. Les comités culturels activant au niveau de chaque municipalité baillent aux corneilles et les administrateurs du chef-lieu freinent toute envolée, ne répondant qu'aux traditionnelles «commandes» provenant par la tutelle pour des manifestations circonstancielles. C'est un réflexe qui dure depuis des années chez les responsables. Seules ces dates officielles secouent cette léthargie ambiante. Et tant que cette attitude perdurera, la culture ne sera qu'une vitrine. Les différents conseils consultatifs promis à maintes reprises n'ont été que des feux de paille et n'ont guère apporté grand-chose pour faire sortir la wilaya de sa torpeur, en dehors des festivités institutionnalisées. De plus, le chef-lieu qui devrait servir de modèle aux autres communes bat de l'aile et ne parvient toujours pas à instaurer une vie culturelle. C'est la culture de circonstance qui existe. Pis encore, même du côté de l'administration, Constantine n'est pas choyée. La wilaya attend toujours la désignation d'un directeur de la culture qui, depuis juillet dernier, après l'évincement de l'ancien directeur, est toujours régie par un intérimaire. Pourtant, artistes et hommes de culture de Constantine ne cessent de revendiquer une véritable et conséquente prise en charge de la culture qui doit être dotée des potentialités et de moyens nécessaires pour que les Constantinois puissent vivre dans une cité où il y a une vie culturelle et non des activités sporadiques et conjoncturelles. S'agissant des infrastructures, on pourrait dire sans ambages que compte tenu des activités rarissimes qui se développent, le palais de la culture Malek Haddad, la maison de la culture Mohamed El Aïd El Khalifa, le Théâtre régional et l'université suffisent à ces manifestations locales. Toutefois, il faut souligner que les deux premiers espaces sont malheureusement exploités de manière «aléatoire», sans grande recherche. Peu d'artistes y défilent. A la maison de la culture, se succèdent ces expositions «douteuses» de livres qui n'ont ni thématique ni objectif autre que commercial. Quant au palais de la culture, il est utilisé pour les rencontres «administratives». Seul le théâtre sauve la face ! Mais il ne suffit pas à contenir les masses des festivals institutionnalisés, le DimaJazz notamment, et le festival de malouf.D'un côté, on a l'impression que la ville possède des salles surtout lors des «Play off», mais quand arrivent les manifestations internationales, on se rend compte qu'il n'en est rien. C'est une disproportion qui caractérise la ville. Pourtant, le flux d'artistes est prometteur… Ce qui laisse un goût d'inachevé après chaque manifestation. Après le jazz, les mélomanes ont eu, dernièrement, la troisième édition du Festival international du malouf, puis rien. C'est là que sont attendues les autorités locales qui devraient intervenir pour permettre une rotation artistique, en plus de ces dates édictées. Isolées et marginalisées, les quelques initiatives s'essoufflent faute d'une oreille attentive et d'aides des animateurs locaux qui ont scellé le sort de l'acte artistique émergeant du mouvement associatif. De plus, cette fragilité est aggravée par le manque de soutien accordé aux artistes qui se soucient de l'impact de l'art et de la culture dans la société. Et pour boucler la boucle, on a l'absence de salles de cinéma à travers toute la wilaya. C'est le drame ! Aucune décision n'est venue dénouer cette problématique qui tarde à connaître son épilogue. La décision ministérielle de remettre les clefs de toutes les salles à la direction de la culture pour la réouverture de ces salles, en collaboration avec la commune, ne s'est toujours pas traduite par des faits sur le terrain, privant ainsi les cinéphiles constantinois du grand écran depuis des années. Là encore, il faut attirer l'attention sur les enjeux d'attribution et/ou de location de ces salles de cinéma. Car, il y a des tentatives d'accaparement des meilleures salles. Aussi, des exigences devraient-elles être consignées dans les cahiers des charges dont l'application stricte devrait être assurée par les autorités locales afin qu'on ne retombe pas dans la dégradation subie par le passé. En définitive, Constantine demeure culturellement mal servie et ses élus, tout attachés aux enjeux «politiques», ne se soucient guère de la culture et des arts, qui ne sont pas des atouts ou des arguments électoraux.