Crise n Le Président et le Premier ministre ont été arrêtés ce mercredi matin. Le chef de l'Etat, premier président démocratiquement élu en mars 2007 depuis l'indépendance du pays en 1960, a été emmené dans un lieu inconnu, et le chef du gouvernement se trouve dans une caserne près de la présidence, selon plusieurs sources. La fille de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le président mauritanien a confirmé l'arrestation de son père et a dénoncé un «coup d'Etat en bonne et due forme», dans un entretien de radio France. «Le président vient d'être arrêté par un commando de militaires, qui sont venus le chercher, l'arrêter ici et l'emmener», a déclaré Amal Mint Cheikh Abdallahi, qui s'exprimait depuis la présidence à Nouakchott. Amal Mint Cheikh Abdallahi a précisé que la présidence était toujours occupée par des hommes en armes. «Devant le salon, notre cuisine, il y a des sentinelles armées», a-t-elle indiqué, précisant n'avoir pas entendu de coups de feu lors de l'opération. «Je ne peux pas sortir de la résidence. La ligne du standard a été coupée», a-t-elle encore dit La radio et la télévision nationales ont cessé également d'émettre ce mercredi, matin, après que des militaires en eurent chassé le personnel, ont indiqué des témoins, qui ont fait état de mouvements de troupes dans la capitale Nouakchott. Des renforts de militaires ont également été constatés autour de la présidence. La Mauritanie traverse actuellement une grave crise politique, marquée notamment par la démission lundi dernier, de 48 parlementaires du parti présidentiel «Nous, signataires de l'actuelle déclaration, sénateurs et députés, annonçons notre démission du PNDD (Pacte national pour la démocratie et le développement)», a annoncé un porte-parole des parlementaires «frondeurs», Sidi Mohamed Ould Maham. «Le processus démocratique a été dévié de son cours normal et a été transformé en moyen pour le détournement des deniers publics et la gabegie», a-t-il accusé. Les démissionnaires, 25 députés sur 48 du PNDD et 23 sénateurs sur 41 du PNDD de différentes régions du pays ont critiqué l'exercice du pouvoir personnel du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui a, selon eux, «déçu les espoirs des Mauritaniens». Ils ont appelé les militants du PNDD à les rejoindre pour former un parti capable «d'assurer le changement escompté». Ces parlementaires «frondeurs» avaient obtenu au mois de juillet dernier, la démission du gouvernement sous la menace d'une motion de censure. Calme précaire à Nouakchott l L'armée a bloqué dans la matinée les accès à la présidence, empêchant les fonctionnaires d'y entrer, selon des témoins. La situation était, cependant, calme dans la capitale, où aucun coup de feu ni barrage n'a été signalé. Des militaires étaient positionnés près de la présidence et aux environs des locaux de la radio et de la télévision. Selon les observateurs, un changement à la tête de l'armée aurait mis le feu aux poudres. Le président mauritanien a procédé, aujourd'hui, mercredi, à des changements à la tête de l'armée, de la gendarmerie et de la garde nationale marqués par le départ de généraux accusés d'être derrière la crise politique en Mauritanie, avait annoncé la radio nationale. Selon un décret lu ce matin sur la radio nationale, le colonel Abdarrahmane Ould Boubacar a été nommé chef d'état-major de l'armée et le colonel Mohamed Ahmed Ould Ismaïl chef d'état-major particulier du président mauritanien. Ces deux colonels devaient remplacer respectivement les généraux Ould Cheikh Mohamed Ahmed et Mohamed Ould Abdel Aziz, deux membres du conseil militaire de transition qui avaient conduit de 2005 à 2007 la transition démocratique en Mauritanie. Selon les observateurs, les généraux Ould Cheikh Mohamed Ahmed et Ould Abdel Aziz sont accusés d'être derrière la fronde des députés et sénateurs qui ont claqué la porte du parti au pouvoir lundi, dernier.