mercredi 6 août 2008, mis à jour à 16:23 Reuters La garde présidentielle a déclenché un putsch après le limogeage de plusieurs officiers en Mauritanie, ou un Conseil d'Etat constitué par les putschistes a annoncé que le chef de l'Etat, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, n'était plus président. Peu après l'annonce des limogeages, des soldats ont pris position au palais présidentiel et ils ont capturé Abdallahi, son Premier ministre et le ministre de l'Intérieur. Jusqu'ici, on ne signale par de violences majeures à Nouakchott, ou des militaires à bord de jeeps montés de pièces d'artillerie lourde gardent les abords des édifices publics. Mais les forces de l'ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser une cinquantaine de partisans du président déchu réunis dans le centre-ville, a rapporté un correspondant de Reuters. Le Conseil d'Etat dirigé par l'un des officiers limogés, l'ancien chef de la garde présidentielle Mohamed Ould Abdelaziz, a annoncé qu'Abdallahi n'était plus chef de l'Etat et a annulé le décret de ce dernier limogeant Abdelaziz et les commandants de l'armée et de la gendarmerie. Le communiqué numéro 1 du Conseil a été retransmis par la chaîne de télévision Al Arabiya, basée dans le Golfe. La radio et la télévision mauritaniennes ont toutes deux cessé d'émettre en début de journée. Abdallahi a été élu l'an dernier à l'occasion du retour à un régime civil en Mauritanie, une ancienne colonie française à cheval sur le monde arabe et l'Afrique noire.. Il a succédé à une junte qui dirigeait le pays depuis le renversement du président Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya en 2005, lors d'un coup d'Etat sans effusion de sang. La propre fille du chef de l'Etat, Amal Mint Cheikh Abdallahi, a confirmé à Reuters que la garde présidentielle avait mené un putsch et capturé son père. EMMENES VERS UNE DESTINATION INCONNUE « Les agents de sécurité du BASEP (Bataillon de la sécurité présidentielle) sont venus chez nous vers 09h20 (GMT) et ont emmené mon père », a-t-elle dit. Un responsable de la présidence a confirmé sous le sceau de l'anonymat que le président, le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur avaient été arrêtés et emmenés vers une destination inconnue. En mai, Abdallahi avait remanié son gouvernement, critiqué sur ses réactions face à la hausse des prix des produits alimentaires et à des attentats revendiqués par Al Qaïda au Maghreb islamique. Mais à la mi-juillet, le Premier ministre Yahya Ahmed El Waghef avait formé une nouvelle équipe pour mettre fin à deux semaines de crise politique, le précédent cabinet ayant démissionné le 3 juillet sous la menace d'une motion de censure au Parlement. A la différence du précédent, le nouveau gouvernement ne comportait pas l'Union des Forces pour le Progrès (UFP, opposition) et le parti islamiste Tawassoul. Cette semaine, la plupart des parlementaires appartenant au parti PNDD-ADIL d'Abdallahi ont quitté cette formation avec, selon certaines sources politiques, la bénédiction de militaires de haut rang. A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a dit suivre la situation « avec la plus grande attention », « en liaison avec l'ensemble » des partenaires de la France. « Des mesures sont prises localement pour veiller à la sécurité des ressortissants français. Des recommandations de sécurité vont être diffusées en fonction de l'évolution de la situation », ajoute le Quai d'Orsay. Avec Noiselle Champagne à Nouakchott et Inal Ersan à Doubaï, version française Guy Kerivel et Nicole Dupont