Scène n Port de plaisance de Sidi-Fredj, sur la côte ouest d'Alger. Il fait très chaud en cet après-midi d'août. Une centaine de bateaux de plaisance sont accostés... Il y en a de toutes les dimensions et de toutes les marques. Mais l'un d'eux attire particulièrement l'attention et vole la «vedette» à toutes ces embarcations, considérées pourtant comme des objets de luxe : un petit palace flottant de 35 mètres de long. Baptisée «Yasmina», cette embarcation est arrivée dans ce petit port en juillet dernier. Les autres bateaux, même grands et luxueux, ne sont rien devant ce géant. Son propriétaire, Slimane, 56 ans, dit qu'il l'a acheté à Cannes en 2003 pour la coquette somme de 130 000 euros (environ un milliard 300 millions de centimes). Originaire de Batna, il est ici avec sa famille depuis le début du mois de juillet en compagnie de sa jeune femme et de ses trois filles. Il possède d'ailleurs, un logement à Alger. «Chaque soir, à la tombée de la nuit, nous faisons une tournée en mer qui dure jusqu'à 3 heures du matin. Mon bateau est suffisamment vaste pour qu'on puisse faire la fête.» L'homme s'explique : «Ma famille et celles de mes amis se rencontrent souvent sur le bateau. Parfois, nous sommes une douzaine de personnes à bord. Nous dansons et nous mangeons… Mes filles invitent parfois leurs amis (ies). La soirée aquatique est souvent animée». Pendant la journée, Slimane s'offre des tournées avec son jet-ski qu'il embarque dans son bateau. «Comme je ne sais pas bien conduire ces engins, alors un jeune ami m'accompagne souvent dans mes tournées», avoue-t-il. Ses deux filles, en revanche, n'éprouvent aucune difficulté à conduire toutes ces nouveautés. Le bateau de Slimane est le plus luxueux des bateaux de plaisance au port de Sidi-Fredj. Le riche propriétaire déplore, cependant, le fait que ce port ne dispose pas de moyens adéquats et d'ateliers d'entretien. «Il faut que je lave chaque soir mon bateau pour enlever le sel qui peut ronger la peinture et la carcasse, mais le port ne dispose pas de vannes d'eau suffisantes pour l'arrosage.» Slimane songe à quitter l'Algérie pour terminer ses vacances de luxe en Tunisie ou au Maroc. «Je ne peux pas laisser s'éroder un bijou aussi coûteux que mon bateau. Nos ports de plaisance ne sont pas faits pour ce genre d'embarcations», déplore-t-il. Au port de Sidi-Fredj, une centaine d'autres bateaux de plaisance sont l'un à côté de l'autre. Leurs propriétaires sont souvent des enfants de riches responsables ou de grands industriels. Beaucoup parmi eux ont refusé de décliner leur identité, se contentant de nous raconter que ce sont eux qui ont acheté ces bateaux dont le moins cher coûte plus de 170 millions de centimes.