Le port de plaisance et le complexe hôtelier passent pour être les plus réussis d'Alger, tant pour la qualité de leur installation que pour la beauté du décor inspiré de la tradition algéroise. Lundi, milieu de semaine. Il est 10 heures passées. Direction Sidi Fredj, à moins de 20 kilomètres du centre d'Alger. L'autoroute est chargée, mais la circulation est fluide. Les Algérois se ruent vers le littoral ouest. Staouéli, Zeralda, Tipaza et les stations balnéaires qui bordent la côte sont leurs points de destination. A l'entrée du centre touristique de Sidi Fredj, un barrage militaire est dressé. Arrivés au complexe touristique, nous sommes accueillis par le directeur du centre, M.Smaïl Foukrach. Première destination, le port de plaisance. A première vue, l'endroit est calme. Pas beaucoup de monde. Nous avons compris alors que ce n'est qu'à partir de 16h que les estivants commencent à ruer vers cet endroit. A leur disposition: restaurants, terrasses, magasins, et même manège pour enfants. Qui n'est pas gâté dans ce lieu? Même les balades en mer y figurent dans ce décor apaisant. La presqu'île stratégique est entièrement réservée aux vacances. Sidi Fredj est non seulement l'un des plus beaux complexes hôteliers et de loisirs de la Méditerranée, mais sans doute le plus algérien de tous ceux que compte aujourd'hui ce pays. «Photos-souvenir, photos-souvenir», lance un jeune homme qui se balade tout au long du port avec son appareil photo. Une manière très intelligente pour gagner de l'argent en cette période d'été et surtout dans un endroit mystérieux qui cache tant d'histoires et de légendes. Sidi Fredj n'est autre que Sidi Ferruch de sinistre mémoire (14 juin 1830, Débarquement des forces françaises sur la côte de Sidi Fredj). Mais quelle symbolique reconversion! Que tous les champs de bataille du monde puissent donc prendre l'aspect de Sidi Fredj... Selon la légende, c'est dans ce petit port qu'un vieil homme vivait alors. Aimé de tous, il faisait l'unanimité pour sa sagesse et sa générosité. Un jour, un pirate accoste, s'empare du vieil homme, l'emporte pieds et mains liés sur son bateau non loin amarré. Toutes voiles dehors, le bateau quitte le port. Après quelques heures de sommeil le pirate, aux premiers rayons de soleil, se lève, monte sur le pont. Et là, les yeux ronds, constate que le bateau est encore amarré aux abords du port. Le deuxième jour pareil. Le pirate comprend très vite, accoste de nouveau au port et, sans regrets abandonne, bateau et trésors pour s'installer sans la moindre embûche près du vieil homme que l'on nomme Sidi-Ferruch. Ils moururent à un jour près d'intervalle et reposent tous deux, côte à côte, sous la même dalle. Les édifices en blanc et bleu Le port de plaisance et le complexe hôtelier de Sidi Fredj, passent pour être les plus réussis d'Alger, tant pour la qualité de leur installation que pour la beauté du décor directement inspiré de la tradition algéroise. Fruits d'une imagination audacieuse, les édifices, en blanc et bleu, d'un modernisme éclatant, sont, néanmoins, une illustration parfaite de la tradition algéroise. Nul ne s'y trompe ; un coup d'oeil suffit pour «reconnaître» ces voûtes qui se télescopent, ces fenêtres en bois, ces portes arrondies bordées d'un délicat motif sculpté, ces patios à galerie, frais et lumineux, enjolivés de fines colonnes à l'antique. Il suffît d'un détail pour donner la note, et le détail de qualité est toujours à sa place. «C'est merveilleux. On se sent en plein coeur d'Alger même au bord de la mer», lance une habituée du lieu. Un appareil photo à la main, elle dit qu'elle ne laisse aucun moment passé dans cet endroit sans qu'elle ne prenne des photos. «Même si je viens ici à chaque saison estivale, je découvre de nouveau le lieu. Mon appareil photo me sert à immortaliser tous les moments que je passe dans cet endroit merveilleux», lancera t-elle. Les vacanciers viennent en fait des quatre coins du pays, même d'Outre-mer. Les émigrés préfèrent venir passer leurs vacances auprès de leurs familles ou au bord de la mer. Du côté de Sidi Fredj entre autres. Le centre touristique enregistre, chaque année, un nombre important d'estivants. A chaque nouvelle saison ils sont encore plus nombreux. Les conditions qui sont offertes y sont pour beaucoup dans l'engouement enregistré. «Une ambiance bon enfant caractérise ce lieu qui fait le plein du début de la saison estivale jusqu'à sa fin», témoigne Rafik, un jeune artisan, venu exposer ses produits dans un espace qu'il a réservé au niveau des arcades pour deux mois. Assis sur une petite chaise, en face d'une grande table garnie de bijoux traditionnels en argent (bagues, bracelets, chaînes...), il attend qu'un client ou un visiteur s'approche de ses produits, car il n'est pas seul dans cet endroit. D'autres artisans occupent également le lieu. L'ambiance est très détendue. Pas de concurrence. Ils discutent, s'échangent des blagues. De visu, nous comprenons qu'une grande complicité caractérise leur relation. «D'une pierre deux coups», dit Rafik. En fait, il nous explique que les deux mois qu'il passe à cet endroit, sont une occasion pour lui et pour les jeunes artisans de travailler en passant des vacances dans ce lieu fréquentée par des centaines de familles. Glaces, grillades et balades en mer Il est midi. Les gens commencent à affluer vers le port de plaisance. A cette heure-ci ce sont les restaurants qui sont gâtés. Certains préfèrent tout de même s'attabler sur les terrasses qui se trouvent à droite, juste à l'entrée du port, pour déguster les glaces. D'autres ne résistent pas au fumet des grillades. Sous un soleil déclinant, le port, en ce début d'après-midi de lundi, commence à «bouger». De la musique, tous genres confondus. Des bateaux, grands, petits, simples, luxueux, accostés ici et là. Des groupes de filles se baladent. Elles viennent pendant la semaine pour éviter la foule des week-ends, disent-elles. Ces dernières, venues en majorité d'Alger-Centre, avancent l'aspect sécuritaire. La sécurité est omniprésente dans l'enceinte et aux alentours du centre. Elle est assurée par des éléments de la gendarmerie qui ont un poste permanent sur le lieu en plus des agents de sécurité du Centre. Des cris d'enfants fusent de tous côtés. Les quelques familles regroupées autour d'un café ou d'un thé ne cachent pas leur satisfaction. «On vient souvent ici se soustraire de la chaleur torride qui caractérise cette saison». «L'endroit est propre et sécurisé» signale une jeune maman qui était accompagnée par son mari et ses deux enfants, et qui semblaient avoir du plaisir à se balader sur le port. Le port constitue en fait l'une des cinq unités que rassemble le complexe touristique de Sidi Fredj, à savoir, les hôtels El Marsa, El Manar, Riad et le centre de vacances Azur Plage. «Nous faisons des efforts chaque année pour faciliter l'accès aux familles et développer les prestations de services pour les satisfaire surtout en saison estivale». Le directeur Foukrach nous lance à plusieurs reprises cette phrase. Son message est clair. Faire plaisir aux familles algériennes, leur assurer confort et sécurité contre peu de frais est devenu son cheval de bataille. Le centre a même réservé un bateau, durant la saison estivale, pour les familles qui veulent faire une balade en mer. Le prix est très symbolique. 50 dinars la balade. Une queue de gens commence déjà à se former devant ce bateau. «Ce n'est que le début. Venez à 15h et vous constaterez de visu la foule qui se rue vers le bateau», signale un jeune homme. En ces temps de canicule, une seule envie domine: aller faire trempette et s'évader du stress urbain sans trop s'éloigner toutefois de la ville. Comme chaque année à cette période, ils sont de moins en moins nombreux à résister à l'appel du grand large du côté de Sidi Fredj entre autres.