L'église évangélique a fait son apparition dans notre pays dans les années 1990 soit en pleine crise culturelle. Le moment était, en effet, propice aux évangélistes – dont l'église est considérée en Europe, comme une secte et de ce fait, interdite d'activité –, pour s'installer dans des pays qui vivent des difficultés. Dans leur quête de nouveaux adeptes, leur regard se tourne alors vers l'Afrique, un continent où des pays vivent des conflits quasi inextricables et où les populations souffrent d'une crise identitaire profonde. En Algérie, c'était le début de la décennie noire. Les premiers «pasteurs» ont commencé à effectuer des visites en Kabylie notamment dans les wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa réputées pour leurs frondes. Une région qui a aussi connu une forte présence des pères blancs durant la période coloniale. Entre autres arguments avancés par les recruteurs, la violence des fanatiques islamistes par opposition à l'église évangéliste qui est présentée comme une église d'amour et de tolérance. Les personnes fragiles qui ont mal de tant de violence et de sang, ont été parmi les premières à se convertir comme ce jeune qui avait 15 ans en 1998 et qui pourtant était un musulman pratiquant. Il a dû tout abandonner pour rejoindre les évangélistes, «car si c'est ça l'Islam, je n'en veux pas», disait-il. Soulignons enfin que notre souci n'est pas de donner des leçons aux gens qui sont libres de choisir la voie qu'ils jugent la meilleure, d'autant plus que la constitution garantit la liberté du culte, mais notre rôle est de tirer la sonnette d'alarme sur un phénomène qui menace de bouleverser notre société et d'engendrer une autre vague de violence. On a laissé faire les islamistes et l'Algérie a eu à payer dans le sang cette négligence… saura-t-on tirer les leçons du passé ?