Portrait n Rabah est originaire de la daïra de Draâ Ben Khedda. Il est parmi les plus anciens adeptes de l'église de la nouvelle-ville de Tizi Ouzou. Aujourd'hui, Rabah gère sa propre église grâce à la confiance placée en lui par les «pasteur de l'église de Tizi Ouzou», la quarantaine passée, père de deux fillettes qui ont déjà été baptisées. Ce jeune qui vendait des cigarettes dans la rue, s'est converti en 1994. «J'ai un ami qui me parlait toujours de sa nouvelle vie depuis qu'il s'est converti. A l'époque, je ne croyais en aucune religion, je vivais comme de nombreux concitoyens. Mes parents sont musulmans et, par conséquence, je l'étais donc. Je faisais le carême mais pas la prière. Un jour, nous sommes allés à la plage à Tigzirt, c'était l'été. J'allais plonger et je ne sais comment j'ai glissé et j'ai fait une chute qui aurait pu être fatale si j'avais heurté les rochers à fleur d'eau. Mais miraculeusement, je n'ai rien eu. Je suis resté sur le sable sous le choc et la nuit quand je me suis couché, j'ai fait un rêve. Aujourd'hui je sais que ce n'était pas un rêve, mais c'est Jésus qui me parlait. Une voix me disait : «Doutes-tu encore de moi après ce que j'ai fait pour toi ? c'est moi qui t'ai sauvé.» A mon réveil, j'étais tout tremblant et j'ai découvert que je dormais les bras croisés sur mon torse. C'était pour moi révélateur. Ce signe de la croix est la voie que je dois suivre.» Le matin, Rabah s'est rendu à l'église de la nouvelle-ville, où il a été vite entouré et, peu à peu, il est devenu un adepte assidu, tellement assidu qu'il a pu fonder plus tard, sa propre église dans sa localité après avoir réussi à convertir bon nombre de ses concitoyens. Yamna, elle, est originaire de Aïn El-Hammam, c'est une septuagénaire qui ne rate aucun culte organisé à l'église de la nouvelle-ville de Tizi Ouzou. elle s'y rend par fourgon loué par les Chrétiens de la localité. Interrogée sur les raisons qui l'ont poussée à devenir chrétienne alors qu'elle est née et a grandi dans une société traditionnellement musulmane et où les zaouïas et le maraboutisme ont, de nos jours encore, tous leurs poids. Elle nous répond que lorsqu'elle était jeune, elle avait connu les sœurs blanches. «Elles étaient gentilles avec nous, nous apprenaient la couture et la langue française, ce qui me permet aujourd'hui de lire la bible. J'ai toujours été fascinée par leur mode de vie. Un jour, mon fils est venu me parler de sa rencontre avec Jésus , un Dieu d'amour qui a accepté de mourir sur la croix pour effacer nos péchés. Il me parlait aussi de l'Islam, une religion de terreur et de sang, une religion qui ne parle que de punir et il faisait toujours référence aux massacres commis par les terroristes. Un jour, je l'ai accompagné à l'église et j'ai assisté au culte. J'ai trouvé outre des jeunes, des femmes de mon âge, ce qui m'a beaucoup touché, je me suis lié d'amitié avec elles et l'église est devenue notre lieu de rencontre. Un jour, on a pratiqué sur moi l'apposition des mains (une pratique qui consiste à poser une main sur le front de l'adepte tout en récitant des extraits de la bible.) C'était une expérience révélatrice, je me suis évanouie et à mon réveil, on m'a félicitée, car Satan a quitté mon corps et c'est désormais le Saint Esprit qui emplit mon âme. Je me sentais si légère que j'ai compris que c'était la voie à suivre. Entre frères et sœurs nous constituons une grande famille soudée où on ne vous laisse jamais tomber. Aujourd'hui, je me sens en harmonie avec moi-même.»