Résumé de la 14e partie n En rentrant au ranch, Bohannon trouve la voiture du Shériff avec à l'intérieur, T. Hodges aux prises avec Kelly qu'elle vient d'arrêter... Ils parcourent le long passage couvert qui constitue la véranda du ranch. Bohannon regarde la tête de T. Hodges, qui marche de l'autre côté de Kelly. — Tu trouves ça dingue, toi ? — Pas vraiment, dit-elle, quand on sait qu'il ne s'appelle pas Larkin de son vrai nom. Je le pourrais, dit Kelly. C'était le nom de ma mère. Bohannon tire la porte de la cuisine, ils entrent, accroche son chapeau. La lampe est allumée sur la table. — C'est Belcher que tu t'appelles ? Kelly le regarde fixement. — Comment vous l'avez su ? — Assieds-toi. Bohannon s'approche de la cuisinière qu'on devine dans la pénombre, soulève la cafetière mouchetée de bleu. Mais T. Hodges le rejoint et la lui prend des mains. — Je m'en occupe, dit-elle. Parle-lui, toi. — Ça va te faire toute une histoire avec Gerard, dit-il. — Pour Gerard, on verra plus tard. Bohannon se laisse choir sur une chaise devant la table en allumant une cigarette et regarde attentivement le garçon qui s'est renfrogné. — Tu n'es pas arrivé chez moi par hasard, en cherchant du travail. Tu avais découvert que ton père était ici, et tu voulais le voir, lui parler. — J'avais quatre ans quand il est parti, dit Kelly. Il nous a abandonnés, ma mère et moi. Il l'a battue, il est parti, et il est jamais revenu. — Ça lui a brisé le cœur, à ta mère ? demande Bohannon. — Pas vraiment. Elle en pouvait plus. Il avait perdu la boule à cause de la guerre, de tous ces gens qu'il avait tués, il faisait des cauchemars, il criait, il se cachait... (Des larmes brillent dans les yeux de Kelly, il baisse la tête, renifle bruyamment et s'essuie le nez du dos de ses mains menottées.) C'était pas sa faute. Je le savais bien. Elle le savait, elle aussi, mais ça changeait rien. Quand on est ancien combattant on a droit à des aides, et il s'était fait soigner avant leur mariage, mais il était heureux à cette époque et ça avait bien marché pendant quelque temps, puis les horreurs lui étaient revenues, vous voyez ce que je veux dire ? Ça avait recommencé comme avant. Il pouvait pas garder un travail, il s'était mis à boire à longueur de journée, il jetait tout, il cassait tout, il la frappait... La voix du garçon s'étrangle, il secoue la tête et fixe le sol à ses pieds. — Et tu es venu ici avec l'idée de le ramener chez vous ? demande Bohannon. Le garçon hoche la tête, lève vers lui son visage brillant de larmes. — Il y a plusieurs années de ça. Et elle a besoin de lui. Elle a tout le temps de nouveaux types. Et il y en a pas un de valable. Des types qui font la route, des bons à rien. Elle est serveuse, elle travaille dur, et eux ils lui piquent son argent et ils passent leur temps devant la télé.