Tension n La reconnaissance des régions séparatistes de Géorgie porte le germe de nombreux dangers pour la Russie qui doit légitimer sa présence militaire dans la région face à un Occident furieux. La Russie risque de se retrouver dans une position d'isolement très dangereuse si aucun autre Etat ne soutient l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie, prévient la presse russe ce mercredi matin. «La Russie a réussi ces dernières années à nouer des contacts avec le monde arabe. Il n'est pas exclu que la Turquie, l'Iran, la Syrie ou la Jordanie soutiennent la Russie en l'occurrence, mais ce n'est pas certain», souligne un quotidien officiel russe. Pire, «de nombreuses régions de Russie disposent à présent d'un nouvel argument en faveur de leur indépendance, et il faut être clair là-dessus. Ainsi la stabilisation du Caucase pourrait à présent prendre une toute autre tournure», poursuit-il. La posture de Moscou risque aussi de peser sur son économie, car elle se traduira par «l'obligation de soutenir financièrement ces républiques, en particulier si personne d'autre ne les reconnaît». Invoquant l'exemple de l'indépendance du Kosovo, le président russe Dmitri Medvedev a estimé que «dans les relations internationales, on ne peut pas avoir une règle pour certains, et une règle pour les autres». La reconnaissance était «l'unique possibilité», explique Medvedev dans la lettre envoyée à plusieurs dirigeants, dont Bush, Sarkozy, Merkel et Berlusconi, publiée ce mercredi, matin, par un quotidien italien. Les leaders des deux républiques se sont aussitôt dit prêts à signer des accords de coopération militaire avec la Russie, le président ossète Edouard Kokoïty proposant aussi d'accueillir une base russe. La Russie impose ainsi son scénario de sécurité en Géorgie, une ex-république soviétique pro-américaine, en mettant devant le fait accompli l'Occident, sur le point d'envoyer des observateurs militaires sur place. Bien que les Etats-Unis et l'Union européenne aient fermement condamné la reconnaissance par le Kremlin des territoires séparatistes, leur marge de manœuvre face à Moscou est limitée. La reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud «est une décision proche d'une catastrophe, un changement non motivé de la politique extérieure russe qui pèsera lourd sur le budget et aura des conséquences graves». «La Russie perd sa marge de manœuvre politique. Sa position sur le Kosovo n'est plus valable», estiment des observateurs. La Russie avait jusqu'à présent fermement condamné la reconnaissance du Kosovo, mettant en garde contre l'effet domino ailleurs en Europe. Moscou «pose ainsi une bombe à retardement dans le Caucase du Nord où les Tchétchènes et les Ingouches pourraient se poser la question d'une sortie de la Russie», estiment d'autres observateurs.