Il était ce qu'il en était. Que la paix et l'abondance soient; sur toi ! — Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l'ennemi est un nid de souris. Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi. Le père Chkonker marche et picore, marche et picore, trouva une branche de figuier, la ramassa, s'en fut la planter dans son champ et, tous les jours, il l'arrosa jusqu'à ce qu'elle devînt un beau figuier lourd de fruits. Tous les matins, il cueillait des figues et s'installait pour les manger sur l'aile du puits. Un jour, alors qu'il se régalait, une moitié de figue lui échappa des mains et tomba dans le puits, il se dit : «Ce n'est rien, il y en a encore plein sur l'arbre», et il continua à venir tous les jours se délecter de délicieux fruits jusqu'à ce qu'il n'en restât plus aucun. Il s'adressa alors au puits : — O puits, donne-moi la moitié de ma figue ! O puits, donne-moi la moitié de ma figue ! O puits, donne-moi la moitié de ma figue ! Le djinn du puits en fut agacé et lui répondit : — Prends ce plat, tais-toi et ne nous importune plus. Rentre à la maison, dépose-le devant toi et dis-lui : «Fais tel repas, mon bien- aimé !», et il se remplira de tout ce que tu auras souhaité. Le père Chkonker prit le plat et s'en fut chez lui, il fit ce que lui avait recommandé le djinn, demanda un savoureux couscous et le plat en fut tout de suite rempli. Il mangea de bon appétit, nettoya le plat et le rangea, et chaque fois qu'il avait une envie, il s'adressait au plat magique. Le père Chkonker avait une voisine, une vieille femme qui, montant un jour sur la terrasse, vit notre homme parler à son plat et vit ce dernier se remplir immédiatement de mets succulents. Elle vint frapper à sa porte : — Père Chkonker, que Dieu te garde en vie ! Prête-moi ton plat, j'en ai besoin pour faire provision de couscous. Je te le rendrai dès que j'aurai fini. Il le lui donna, elle l'échangea contre un autre plat tout à fait identique, laissa passer un temps puis vint le lui rendre. Le père Chkonker déposa le plat devant lui et ordonna : — Fais du couscous, mon bien-aimé ! Le plat resta vide alors le père Chkonker s'en fut de nouveau au puits, s'assit sur l'aile et réclama : — O puits, donne-moi ma moitié de figue ! O puits, donne-moi ma moitié de figue ! O puits, donne-moi ma moitié de figue ! Au troisième appel, le djinn, agacé, apparut : — Tiens, prends cette marmite en cuivre et cette cuillère en bois, rentre chez toi, fais tourner la cuillère et dis : «Fais-moi de l'assida», et tu en auras autant que tu voudras, mais ne reviens plus nous importuner ! Le père Chkonker suivit les recommandations du djinn, eut plein d'assida qu'il mangea avec un grand plaisir puis s'endormit repu et heureux. Tous les jours, il fit ainsi. Mais un matin, sa voisine monta sur la terrasse, le vit remuer une cuillère, parler à la marmite qui se remplissait tout de suite d'assida.