La Saint-Sylvestre n?est pas seulement la fête de fin d?année, c?est surtout l?occasion pour les restaurateurs et les propriétaires de discothèque de se faire connaître. Dans la presse, la concurrence est rude et chaque annonceur tente de séduire un lectorat très regardant sur la qualité du service et le prix. L?incitation à la consommation est grande et les papilles gustatives succombent facilement à la tentation. La formule est toute trouvée, puisqu?on propose ici, pour le réveillon du nouvel an 2004, la tente caïdale dressée à côté d?un hôtel. Au menu, un éventail de saumon fumé et des crevettes blanches sauce Marie-Rose. Quant au prix de cette virée aux relents bucoliques, mieux vaut compter ses billets de banque avant de s?engouffrer sous le chapiteau de la grande khaïma. La direction d?un autre hôtel invite ses clients à festoyer autour d?une dinde traditionnelle copieusement arrosée? d?eau minérale et de jus de fruits. Ailleurs, c?est l?adresse du «mythique» complexe pour les amateurs des bacchanales au bord de la mer et de musique raï. Le complexe met à leur disposition son dancing et ses innombrables chebs et chebette. Et pour des raisons évidentes de concurrence, le prix de la soirée est jalousement tenu secret. Le complexe touristique El-Djawhara, un autre complexe à l?Ouest, propose carrément un menu gastronomique (et astronomique) sous la direction du chef qui a mitonné de petits plats de merlan au saumon avec, en prime, un médaillon de filet de b?uf au Roquefort. Le tout généreusement agrémenté d?eau minérale et de vins fins à la carte. D?autres «avis» conseillent aux clients de fêter le nouvel an dans un cadre féerique agrémenté d?un parterre exceptionnel d?artistes venus de différentes régions d?Algérie. Voici pour les brochettes en attendant la suite du menu composé de saumon fumé de Norvège, de foie gras du Périgord, de champignons de Paris, de gratin dauphinois et d?eau minérale de? Saïda. Un annonceur propose originalement son menu : «Pour votre passage à la nouvelle année, notre hôtel vous a réservé une soirée exceptionnelle alliant le traditionnel et le moderne. Prix : dîner dansant : 3 000 DA, buffet dansant 1 000 DA.» Une autre annonce met sobrement en relief le spécial nouvel an 2004. Au programme, musique andalouse, dîner, gala et danse du ventre. Ce qui revient à replacer la question dans son véritable contexte : les organisateurs auront-ils la reconnaissance du ventre ? Et dans cette féroce concurrence d?invites à une célébration du nouvel an, le citoyen voudra, peut-être, oublier son morose quotidien et se dire : «Bah ! Après tout, le nouvel an, c?est une fois par an et une fois n?est pas coutume.» Qui sait ? Peut-être qu?en fêtant le nouvel an, les choses iront mieux? Qui vivra verra !