Découverte Le 16 mars 2003, Abdelkader, fellah de son état, trouve sur son chemin un sachet en plastique contenant le cadavre d?un nouveau-né. Son réflexe le guide à la hâte vers la Gendarmerie, qui se charge de la suite. De l?examen médical opéré au centre de santé de la même ville, il résulte que le bébé était de sexe masculin, pesant 3,8 kg, d?une taille de 54 cm et qu?il était né dans de bonnes conditions avant de périr de manière douteuse. Entamant leur enquête, les gendarmes rendent visite en premier lieu à Fatiha, une accoucheuse notoire qui déclare n?avoir reçu aucune femme. Près de deux mois plus tard, alors que la police judiciaire était toujours attentive aux moindres détails à même d?élucider l?affaire, des soupçons les mettent sur la piste de Amel, née en 1976 à Ouled Fayet, où elle habite toujours, et son amant Salim, né en 1972. L?examen médical confirme l?accouchement récent de Amel, qui reconnaît que l?enfant était bien le sien et qu?au moment de la délivrance elle était assistée de sa mère. Elle déclare que l?enfant était né vivant. Quant au crime, elle le fera endosser à Salim qui, dira-t-elle, l?incitait à avorter. «Le 15 mars 2002, il m?a prise à bord d?un véhicule pour me déposer à l?intérieur de son local où ma mère m?a assistée», déclare-t-elle avant de révéler que Salim avait gardé le bébé pendant qu?elle regagnait le domicile paternel. Pour ce qui est de son amant, il reconnut sa relation avec Amel tout comme la paternité du bébé. Seulement, il niera catégoriquement devant le juge d?instruction sa présence sur les lieux le jour de l?accouchement ainsi que les conditions dans lesquelles avait eu lieu l??infanticide. Il dira que durant la journée du 15 mars, il se trouvait au marché Souk el-Had de Ouled Fayet en compagnie de Kamel. Durant l?instruction, une troisième personne entre en scène. Il s?agit de Mohamed, que Amel accuse de l?avoir harcelée en la menaçant de raconter sa mésaventure au cas où elle refuserait de lui remettre de l?argent. Des informations catégoriquement démenties par ce dernier, qui répondra qu?il l?avait demandée en mariage, mais qu?elle avait refusé. D?ailleurs, selon les déclarations sur l?arrêt de renvoi judiciaire, Salim avait fait le pas pour officialiser son mariage avec Amel afin de contrecarrer Mohamed et, de même, les traces de l?illicite. Il avait même versé 10 000 DA en guise d?avance sur la dot et ce, sous réserve de lui ajouter une somme de 40 000 DA le jour du mariage. Mais cette union n?aura cependant pas lieu, puisque Amel est arrêtée pour infanticide et son compagnon pour non-assistance, en vertu des articles 259 et 261 du Code pénal. Comparaissant en session criminelle près le tribunal de Chéraga durant la seconde semaine du mois de novembre 2003, les deux amants se rencontrent pour leur ultime tentative de disculpation. A la barre, chacun tente de faire porter le chapeau à l?autre, mais sans résultat. Dans un long récit digne des romans d?Harlequin, Amel raconte les faits avec une voix quelque peu brisée par les remords. Après les débats, le parquet requiert une peine de 15 ans de prison ferme à l?encontre de Amel et la peine maximale pour Salim. Trois ans de prison ferme sont finalement retenus contre Amel par le tribunal.