Projection n Ce retour s'est fait hier, mercredi avec Rachel getting married de l'Américain Jonathan Demme où l'actrice Anne Hathaway, abonnée aux rôles sages, campe une ex-droguée. «Le gagnant de cette édition ?.. Le Prozac !» ironise le dessinateur de Ciak le magazine du festival, énumérant les schizophrènes, maniaco-dépressifs, ou victimes de génocide culturel - les Amérindiens du film de Marco Bechis -, qui ont émaillé les films d'une 65e édition plutôt terne, de l'avis général. A trois jours de la remise du Lion d'or par le président du jury, l'Allemand Wim Wenders, à l'un des 21 films en compétition, deux œuvres étaient favorites des critiques italiens au sein du palmarès établi par Ciak. Il s'agissait du film d'animation japonais Ponyo on the cliff by the sea, un poétique conte pour enfants signé Hayao Miyazaki, mais aussi de Teza, une fresque politique de l'Ethiopien Haile Gerima. Montré la veille, Nuit de chien de l'Allemand Werner Schroeter, était le film le moins aimé, tandis que le film russe Paper soldier d'Aleksei German junior, qui relate les débuts de la conquête spatiale russe, a plutôt séduit. Dans Rachel getting married, Anne Hathaway est Kym, un ex-mannequin sortie d'un centre de désintoxication où depuis des années, elle tente de se défaire de son addiction aux drogues et à l'alcool. Son père et la seconde femme de celui-ci ramènent Kym à la maison, où Rachel (Rosemarie DeWitt) sa sœur aînée psychologue prépare, au milieu d'une nuée d'amis, un mariage parfait avec Sidney (Tunde Adebimpe). Fragile, Kym supporte mal que sa famille, happée par la fête à venir, lui accorde peu d'attention. Elle provoque bientôt des discussions de plus en plus vives qui vont réveiller le souvenir d'un drame dont elle porte la responsabilité. Auteur de 25 films dont le Silence des agneaux (1990) et Philadelphia (1993) Jonathan Demme, 64 ans, revient à Venise un an après y avoir présenté hors compétition Man from the plains, un documentaire consacré à l'ex-président des Etats-Unis, Jimmy Carter. «Mon travail de documentariste m'a aidé pour Rachel getting married», a expliqué le cinéaste, aux côtés de sa scénariste, Jenny Lumet -la fille du réalisateur Sidney Lumet- à la presse. «Nous avons filmé à 360°, les acteurs ne savaient jamais à l'avance à quoi ressemblerait la séquence que nous allions tourner, ils devaient jouer et nous nous adaptions à ce qui se passait, comme on le fait sur un documentaire». De son côté la brune Anne Hathaway, popularisée par son rôle dans Le diable s'habille en Prada, a affirmé avoir interprété là «l'un des personnages les plus difficiles et les plus complexes» de sa carrière. Les meilleures scènes de Rachel getting married tirent le film vers la comédie, tandis que son versant dramatique manque d'originalité. Et les longues séquences de la cérémonie de mariage, où Jonathan Demme filme complaisamment musiciens et invités, dans un climat bon enfant, ennuient.