Le 10 octobre de l'an 19, Julius César Germanicus adoré de tout l'Empire romain, meurt près d'Antioche. Neveu d'Auguste, il a été, sur ordre de ce dernier, adopté par Tibère dès l'âge de quatre ans. Plus tard, il épouse Agrippine, l'aînée, la petite-fille d'Auguste, célèbre pour sa beauté et ses vertus – qu'il ne faut pas confondre avec l'atroce Agrippine, la jeune, mère de Néron. Julius César est très cultivé, son âme est d'une rare noblesse, il se voit confier des commandements importants. Vainqueur des Dalmates et des Pannoniens, il reçoit de Tibère la défense de la frontière du Rhin. A la mort d'Auguste, il doit réprimer la révolte de légions qui veulent le proclamer «auguste». Dès lors Tibère, nouvel empereur, voit en lui un rival. Julius César est vainqueur d'Arminius, qui avait lui-même massacré les légions de Varus. Désormais, on le surnomme Germanicus. Tibère le rappelle à Rome puis, méfiant, l'expédie en Orient. Il pacifie l'Arménie, et s'oppose à Cneius Calpurnius Pison, gouverneur de Syrie et intime de Tibère. Il le chasse hors de Syrie, mais il meurt peu après. Avant de mourir, Germanicus a le temps d'accuser Pison, confident intime de son oncle Tibère de l'avoir empoisonné, et il demande à ses amis de le venger. L'épouse de Germanicus, Agrippine, ramène son corps en Italie et accuse publiquement Pison. Celui-ci est traduit en justice devant le Sénat. Tibère l'abandonne, et il se donne la mort. Quand Agrippine arrive à Rome, ses larmes inondent l'urne d'or dans laquelle elle rapporte les cendres de son époux. De somptueuses funérailles sont célébrées et Tibère décide, hypocritement, d'honorer l'urne d'or par une décoration magnifique. On demande à Dioscoride, le plus fameux graveur de pierres précieuses de Rome, de se mettre à l'œuvre et on lui donne, pour y créer une œuvre inoubliable, une sardonyx énorme. La sardonyx est une variété d'agate. Cette pierre deviendra le plus grand camée jamais réalisé, un trapèze aux angles arrondis de trente centimètres de haut sur vingt-six de large. La sardonyx comporte cinq couches de couleurs différentes et superposées : brune, blanche, rousse, blanche et roux foncé. En gravant plus ou moins profondément ces couches, Dioscoride parvient à créer une œuvre comportant de nombreux personnages, répartis sur trois étages, et qui s'inscrivent en contrastes multiples. Ils sont, en tout, vingt-sept et représentent trois scènes. Au milieu, on voit Germanicus au moment où il fait un salut militaire à Tibère qui l'expédie en Orient. Près de lui, on voit sa mère, Antonia, nièce d'Auguste et Caligula, son fils, qui deviendra plus tard un vrai monstre furieux. On voit Agrippine, future veuve, prête à noter sur ses tablettes les exploits de son époux. On voit aussi Drusus, fils de Tibère et Livilla, sa femme, sœur de Germanicus. La scène du haut représente l'envol du cheval ailé Pégase, guidé par l'Amour, qui emporte Germanicus vers l'Olympe. La scène inférieure représente les divers peuples pacifiés par Germanicus... Désormais ce «camée de Germanicus» va constituer une des pièces maîtresses du trésor de l'Empire romain. Il reste à Rome jusqu'au jour où Constantin, le nouvel empereur, protecteur du christianisme, décide de l'emporter dans sa nouvelle capitale, aux portes du Bosphore : Constantinople. Pour en faire, bizarrement, une sorte de relique chrétienne...