Portrait n A 20 ans, anniversaire fêté à Pékin lors des derniers jeux olympiques, Hichem Chabane court à travers les villes d'Afrique du Sud, pays où il possède une licence de coureur cycliste. Du nord de l'Afrique, en Algérie, à l'extrême sud du continent, en Afrique du Sud et dans un pays anglophone et à moins de vingt ans, il faut vraiment aimer cette discipline et en vouloir pour accepter tout cela. Le jeune Hichem est fils de coureur cycliste et neveu du champion d'Afrique et champion militaire Abdelkader. Sa première licence lui a été délivrée à l'âge de huit ans à l'O Sempac avec Mahieddine Kaddour comme entraîneur. Il parcourt à vélo, en long et en large, le territoire national, signe à Cheraga et à l'Asvb à Blida. Il sera sélectionné – en équipe nationale et tout justement remarqué lors des Championnats du monde des moins de 23 ans en Afrique du Sud où il passera son premier ramadan loin du domicile parental l'an dernier, à Johannesburg plus précisément. «J'ai été remarqué par des techniciens d'un club professionnel et j'ai signé après avoir observé le fonctionnement du club. C'est le professionnalisme !», dira le jeune Hichem, revenu au domicile parental après une virée du côté de Pékin où il a participé à l'épreuve cycliste sur route. «ça n'a pas marché pour nous parce que la répartition des efforts de toute l'équipe n'était pas équitable et puis, les participants étaient bien plus forts», révélera encore l'international algérien qui s'apprête à partir en Italie pour les Championnats du monde devant se dérouler le 26 septembre prochain. Au pays de Nelson Mandela, l'Algérien participe à 9 tours régionaux, est présent sur trois compétitions par semaine au moins et n'arrête pas de rouler même en étant «à la maison familiale». «Je m'entraîne de 3 à 6 heures quotidiennement, accomplissant ainsi 180 à 200 km.» Son vélo le suit partout. On apprendra de son accompagnateur que les deux roues, à elles seules, reviennent à 30 millions de centimes et que le vélo coûte 80 millions de centimes. «Il n'est pas facile de disposer en Algérie de matériel professionnel et d'une maintenance pour la pièce détachée», dira Hichem. Une paire de souliers professionnels coûte dans les 4 millions de centimes, un casque revient à 2 millions et le prix d'un vélo varie de 30 à 130 millions de centimes. Le devenir de la discipline dans le pays dépend de plusieurs paramètres selon l'international natif de Blida : «Les qualités naturelles existent, mais le sponsor est absent et les promesses de l'Etat ne se concrétisent jamais.» Il révélera qu'aucune comparaison ne peut être faite avec l'Afrique du Sud et les cyclistes de ce pays qui ont participé aux derniers Jeux africains d'Alger où ils ont raflé toutes les médailles, mais ont juré de ne plus revenir dans ce pays à cause des «conditions d'hébergement médiocres, régime alimentaire en dessous de la norme internationale et une considération quasi inexistante pour le sportif en général en Algérie», expliquera Chabane qui se trouve dans son élément en Afrique du Sud et parle couramment l'anglais qu'il a appris là-bas, tout comme il s'apprête à renouveler son contrat tout en ayant des contacts avec des clubs aux USA et au Canada. L'enfant algérien, très gentil et affable, donne l'impression d'être fragile, isolé ainsi dans un vaste territoire si loin de son pays natal – 13 000 km de distance – qu'on rejoint après 26 heures de vol via le Qatar.