Mise en garde n «La souveraineté et l'intégrité territoriale du pays seront défendues à n'importe quel prix et aucune force étrangère ne sera autorisée à conduire des opérations à l'intérieur du Pakistan.» C'est par ces propos très «rigoureux» que chef d'état-major de l'armée pakistanaise a averti, hier, les forces internationales et à leur tête les américains basés en Afghanistan. Ces propos interviennent une semaine après un raid des soldats américains basés en Afghanistan, qui a tué 15 civils dans le nord-ouest. Ce raid a été effectué le 3 septembre au moyen d'hélicoptères de combat et, probablement, de commandos déposés au sol, contre un village du district tribal du Waziristan du Sud, frontalier avec l'Afghanistan. Le lendemain de cette attaque les plus hautes autorités de l'Etat avaient immédiatement, et pour la première fois depuis septembre 2001, vigoureusement protesté auprès de Washington. Les Etats-Unis, comme la coalition internationale qu'ils dirigent en Afghanistan, n'ont, à ce jour, pas commenté cette information, mais n'ont jamais démenti cette attaque. Un silence qui sera certainement plus problématique avec cette information révélée par le New York Times et selon lesquelles «le président américain George W. Bush a secrètement donné son aval à la conduite par l'armée américaine d'opérations militaires terrestres au Pakistan, sans accord préalable d'Islamabad», ont révélé au journal des hauts responsables américains. Selon ces responsables américains, non identifiés, les Etats-Unis préviendront le Pakistan de la conduite d'opérations sur son territoire, mais ne demanderont pas son autorisation. Le quotidien new-yorkais estime que l'accord donné par le président Bush à ces opérations spéciales sur le territoire d'un de ses alliés-clés dans la «guerre contre le terrorisme» marque un tournant. C'est depuis quelques mois, avec la montée au créneau des islamistes au Pakistan et les attaques contre le général Musharraf qui ont fini par le faire tomber, que la tension monte entre Washington et le Pakistan, pourtant son allié-clé depuis septembre 2001 dans ce que Washington appelle «la guerre contre le terrorisme». Les Etats-Unis estiment que l'armée pakistanaise ne fournit pas assez d'efforts pour éradiquer les repaires d'Al-Qaîda et des talibans afghans le long de la frontière afghane. D'ailleurs, au moment où le général Kayani rendait public son communiqué, son homologue américain l'amiral Michael Mullen annonçait qu'il avait ordonné à l'armée américaine en Afghanistan de bâtir une nouvelle stratégie qui prenne en compte les «sanctuaires» des combattants islamistes au Pakistan, quand ils franchissent la frontière pour l'attaquer. Attentat dans une mosquée : au moins 20 morts n Au moins vingt personnes ont été tuées et une trentaine blessées mercredi soir dans une attaque à la grenade et à l'arme légère contre une mosquée du nord du Pakistan, selon un nouveau bilan d'une source de la sécurité locale. «Les assaillants ont encerclé la mosquée, lancé trois grenades et ouvert le feu, tuant vingt personnes et en blessant une trentaine d'autres», a indiqué cette source. Un premier bilan faisait état de onze tués et plusieurs dizaines de blessés. La mosquée, située dans une localité du district de Dir (province de Nwfp), frontalier de l'Afghanistan, était bondée de fidèles lors de l'attentat qui a eu lieu peu après la rupture du jeûne du ramadan. «Des fidèles étaient en train de prier dans la mosquée quand des inconnus ont lancé plusieurs grenades, provoquant un bain de sang et le chaos», a indiqué un responsable de la police. Trois grenades lancées sont tombées sur les derniers rangs des fidèles en train de prier, a précisé un responsable du district de Dir, qui n'a cependant pas fait état de tirs à l'arme légère. Des enfants figurent parmi les victimes, selon ce responsable. Cette attaque n'a pas de motif religieux, a affirmé une autre source au sein des services de sécurité, en référence aux affrontements récurrents entre sunnites et chiites au Pakistan. La même source a dénoncé «un acte honteux de terrorisme». Le district de Dir est voisin des districts de Bajaur et de Swat, où l'armée pakistanaise mène depuis quatre semaines d'importantes opérations contre les combattants islamistes et les partisans d'Al-Qaîda.