Constat n Certains fruits et légumes sont vendus à des prix exorbitants dans les marchés alors qu'ils sont jetés et détruits chez les fellahs. La tomate coûte depuis le 1er jour de ce mois sacré entre 30 et 70 DA le kilo selon la «qualité» d'après le jargon des vendeurs et la poire entre 50 et 80 DA le kilo. Ces mêmes produits sont jetés ailleurs chez certains fellahs. Nous avons visité les terres de El-Hadj Abdelkader Hamdaoui 61 ans, fellah dans la wilaya de Tipaza au Douar Tamloul qui relève de la commune de Menaceur (dans la daïra de Sidi Ameur). A notre surprise, des centaines de kilos de poires et de tomates abîmées étaient jetés par terre. En effet, sous les 8 000 poiriers plantés sur près de 6 hectares, une quantité extraordinaire de poires impropres à la consommation était éparpillée par-ci par-là. Un massacre à ciel ouvert. «Il suffit d'un peu de vent pour que les arbres perdent leurs fruits. Chaque année, je perds quelque 4 000 quintaux de poires et de pommes», nous dit El-Hadj Hamdaoui. Fellah de père en fils à Temloul, il évalue les pertes annuelles à 250 millions de centimes. Ce fellah vit le même problème depuis 5 années. «Je n'ai pas où stocker ces fruits en l'absence de frigo ou de chambre froide dont j'ai fait la demande depuis 2 ans auprès des services concernés. Durant ces 5 années, je n'ai vécu qu'une seule fois de la vente de mes poires», nous révèle-t-il les larmes aux yeux. «Je change de chemin pour éviter de passer par mes terres et voir tout ce gâchis», nous dit-il encore le regard chargé de désespoir. El-Hadj Hamdaoui venait ce jour-là, du marché de gros des fruits et légumes de Hattatba (Tipaza). «Je viens de rentrer de ce marché où j'ai vidé ou plutôt jeté tout le contenu du camion de poires non vendues et que je ne pouvais même pas rapporter chez moi. Personne ne les a achetées pourtant elles sont d'excellente qualité. Et ce n'est pas la 1re fois. J'ai décidé de ne plus aller au marché de Hattatba puisque je ne gagne rien – la vente étant nulle –, mais au contraire je perds puisque les frais de transport sont à ma charge», se désole-t-il encore tout en appelant les particuliers ou l'Etat à prendre en charge ses poires pour la transformation (confiture) et ainsi pouvoir récupérer un peu d'argent. «J'ai déboursé plus de 70 millions de centimes pour payer les fellahs , 50 millions pour le traitement des arbres et 40 millions pour la construction des bassins.» El-Hadj Hamdaoui possède en parallèle 2 hectares de pommes et de la tomate qu'il vend entre 25 et 30 DA au prix de gros. «La tomate par rapport à la poire se vend mieux.». Le fellah ne demande qu'une aide de l'Etat pour l'acquisition d'une chambre froide qu'il placera dans son propre local. «j'ai déjà obtenu une aide de 40 millions pour monter ces 2 grands bassins d'irrigation et le compte-gouttes. je suis affaibli et désespéré que Dieu nous donne de la patience», conclut-il.