Cri n Depuis plusieurs années, les mots d'ordre des citoyens de Benmerzouga se résument essentiellement à leur quête d'accéder dignement à l'eau potable. Ils crient à qui veut les entendre : «nous avons soif !». «Ce cri de détresse est encore d'actualité», dit Madani Madagh, président de l'association du 8-Mai-1945 dont le siège est mitoyen de la mosquée du village. «Nous avons lancé le même appel aux responsables concernés en 2000 et nous le renouvelons encore aujourd'hui», souligne-t-il. Notre interlocuteur également président de la Coordination des comités des quartiers de la localité de Benmerzouga au nombre d'une vingtaine, nous a reçus dans son domicile pour nous dresser l'état des lieux de la commune et particulièrement celui de son village qui a connu, au fil des années, de profondes transformations du fait du flux de familles issues de l'est du pays, de la Kabylie et même de la capitale, souligne M. Madagh. Ce fin connaisseur des turpitudes du village qu'il n'a pourtant rejoint qu'en 1982, bénéficie de l'estime de la population locale depuis qu'il a été porté à la tête de la coordination des comités de quartier au cours de l'année 2000 lors du renouvellement du bureau de l'association. Depuis, il ne cesse de mener son combat pour sortir ce gigantesque village de l'ornière et de l'éclairer d'un jour nouveau après que les élus l'eurent ignoré et privé de tout plan de développement. Son opiniâtreté a fini par porter ses fruits, bien que, dit-il, beaucoup de choses restent encore à faire. Après d'âpres négociations avec les responsables de la wilaya de Boumerdès, cet homme d'un certain âge mais au caractère bien trempé, a réussi, grâce à son abnégation mais aussi à son imperturbabilité devant toutes les tentatives de le soudoyer à arracher certains acquis dont il ne cache d'ailleurs pas sa satisfaction. Ainsi, le hameau de Benmerzouga a-t-il été doté de l'éclairage public et bénéficié d'une enveloppe budgétaire pour les travaux de VRD. Toutefois, souligne-t-il, «nous avons dû interrompre les travaux de viabilisation et d'assainissement car on nous a promis – et nous pouvons dire que c'est déjà fait – de raccorder notre village au réseau de gaz de ville. Chose à laquelle nous n'osions pas aspirer, il y a encore quelques mois seulement…», lance la mine réjouie notre interlocuteur. Toutefois, le sevrage hydrique auquel s'est vu soumettre le village n'est pas près de connaître son épilogue. Dans une correspondance adressée en mai 2000 au chef de daïra de Boudouaou, les habitants de Benmerzouga par la voix de M. Madagh, s'étaient interrogés : «Jusqu'à quand notre région restera-t-elle un champ d'expérimentation où les fausses solutions se le disputent aux décisions biscornues ?». Pour eux, il ne fait aucun doute qu'il y a bel et bien «absence de volonté» chez les élus de la commune de Boudouaou qui en sus de bloquer tout projet de développement qui aurait été salutaire pour la population, ne font que prolonger leur calvaire.