Hécatombe n Au cours des six premiers mois de l'année 2008, ce sont 2 860 personnes qui ont trouvé la mort sur nos routes et 29 000 qui y ont été blessées. L'Algérie est classée troisième pays après le Maroc et la France concernant le nombre des morts dans des accidents de circulation. Elle enregistre annuellement plus de 4 000 morts et des milliers de blessés. C'est ce qu'a déclaré, hier, lundi, Boutalbi El-Hachemi, directeur du Centre national de prévention routière lors de l'émission «Fi El-Ouadjiha» diffusée par la Chaîne I de la Radio nationale. M. Boutalbi a dressé un constat amer de ce phénomène qui a pris des proportions inquiétantes surtout ces dernières années. Selon lui, on enregistre quotidiennement 11 morts et 150 blessés en moyenne sur nos routes. L'invité de la Chaîne I a fait une comparaison entre l'Algérie, la Tunisie et la France en se basant sur des chiffres «objectifs» et deux indices : le nombre de la population et celui des véhicules. «Si on compare l'Algérie au Maroc, à la Tunisie ou encore à la France quant au nombre des véhicules accidentés, on trouvera que l'Algérie se classe première. Sur 100 000 véhicules, 1 500 sont accidentés en Algérie. Vient ensuite le Maroc avec 813 véhicules accidentés, puis la Tunisie 534 et enfin la France avec 222 véhicules», explique-t-il. Depuis 2000 – hormis 2005 où le nombre des morts dans les accidents de circulation a connu un déclin et une nette diminution puisqu'on a enregistré à cette période 3 711 décès – pour les autres années, notamment 2006 et 2007, le chiffre a atteint plus de 4 000 morts annuellement. Au cours des six premiers mois de l'année 2008, ce sont 2 860 personnes qui ont trouvé la mort sur nos routes et 29 000 qui y ont été blessées. Ce qui veut dire qu'on est déjà proche du nombre de 4 000 avant même la fin de l'année. Et Bien que le nombre des accidents ait baissé de 1% par rapport à la même période de l'année passée, le nombre des victimes, notamment les morts, a connu, en revanche, une augmentation de 7%. Selon M. Boutalbi, la région de l'est du pays vient en tête pour le nombre des accidents, suivie par la région du centre et enfin celle de l'ouest. Alger est la wilaya qui enregistre le plus d'accidents, suivie de Sétif, M'sila et Oran. Cependant c'est à Batna où l'on signale le plus de décès. Des facteurs comme le grand nombre des automobiles et la densité de la populaire peuvent expliquer l'ampleur du phénomène dans ces régions par rapport aux autres wilayas du pays. En ce qui concerne les raisons directes de cette hécatombe, M. Boutalbi estime que c'est la responsabilité humaine qui en est la cause principale, avec 90% puisque «26% des accidents sont dus à l'excès de vitesse». Le mauvais état des routes provoque 5% des accidents et l'état déplorable des véhicules entraîne également 5% des accidents de circulation, indique-t-il. l Vu les déficits signalés en matière de formation des nouveaux conducteurs et la corruption pratiquée au niveau de certaines auto-écoles, l'Etat pourrait opter pour la création d'auto-écoles étatiques. «C'est un projet à ne pas écarter puisque ce genre d'auto-écoles existe déjà dans plusieurs pays notamment dans les pays développés. L'objectif de ce projet ne vise nullement à fermer les auto-écoles privées, mais à améliorer la qualité de formation» déclare M. Boutalbi. Il est à signaler que ce projet est toujours en phase d'étude et n'a encore rien d'officiel. «En tout cas si les auto-écoles privées continuent dans leurs pratiques illicites et n'arrivent pas à dispenser une meilleure formation pour les conducteurs, l'intervention de l'Etat, à travers la création d'auto-écoles étatiques qui veilleront à la qualité de la formation, est nécessaire» ajoute-t-il.