Résumé de la 35e partie n Les analyses de laboratoires montrent que les empreintes relevées sur les lieux du double crime de Deptford sont bien celles des frères Stratton. Le même jour, on confond les Stratton avec les principaux témoins, le laitier, qui les a aperçus sortant de la droguerie Farrow, et la jeune fille qui les a aperçus. Le laitier ne les reconnaît pas, la demoiselle n'identifie qu'Alfred Stratton — Pour l'autre, je ne suis pas sûre ! Le procureur, Richard Muir, examine les preuves : finalement, l'accusation ne pourra se baser que sur les empreintes. Il hésite, puis prend à son compte l'accusation. Le 18 avril s'ouvre le débat sur la mise en accusation des frères Stratton. Le procureur Muir a fait venir le coffre des Farrow qui porte les empreintes des meurtriers et le fait surveiller par deux agents. Il a compris que les magistrats n'accorderaient pas beaucoup d'importance aux photographies et qu'il fallait montrer l'objet lui-même. Un magistrat veut toucher le coffre. Muir s'écrie. — Il ne faut pas le toucher ! — Pourquoi ? demande le magistrat, intrigué — Vous allez y imprimer vos propres empreintes et effacer celles des accusés ! L'avocat des Stratton, maître Booth, ne semble pas très impressionné par la démonstration. «Au cours du procès, annonce-t-il, je produirai deux experts qui montreront combien il est dangereux de se fonder sur les empreintes pour porter une accusation !» Il ne révèle pas, bien sûr, le nom de ces experts. Le procès promet d'être riche en rebondissements. Le procès s'ouvre le 5 mai 1905 à la cour de Old Bailey. On fait entrer les accusés. Ils n'ont plus cet air arrogant, qui les rend si antipathiques, mais ils semblent sûrs d'eux. Leur avocat les a rassurés : il saura les défendre et, pour se faire assister, il a fait appel à deux autres avocats, Bennet et Morris. Mais Muir n'était pas impressionné par les avocats : ce qui attirait son regard et celui des autres membres de l'accusation, ce sont les experts auxquels Booth a fait appel : Garson et Faulds ! Garson a été, il y a quelques années, un défenseur acharné du bertillonnage contre les empreintes, puis, voyant le système des empreintes s'affirmer, il s'est mis à le défendre et, pour concurrencer Henry, avait produit son propre système d'identification. Un système critiqué et, d'ailleurs, son aucune valeur. Sa présence, au procès des Stratton, devenait évidente : il voulait se venger d'Henry et détruire son système d'identification qui s'est imposé, aux détriments du sien ! La présence de l'autre expert est encore plus étonnante ! Faulds, le médecin écossais, se bat depuis plusieurs années pour montrer que c'est lui qui a découvert le système des empreintes. On se rappelle de son combat contre Herschel et des lettres enflammées aux revues spécialisées. Mais, que pouvait signifier sa présence dans un tel procès ? Faulds allait-il, par esprit de vengeance, s'opposer à sa propre découverte ? Allait-il nier l'importance des empreintes dans l'identification des meurtriers ou seulement critiquer la façon de procéder de Scotland Yard ? (à suivre...)