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Mauritanie, deux mois après le putsch
La junte toujours intraitable
Publié dans Info Soir le 04 - 10 - 2008

Intransigeance n Malgré «les risques de sanctions et d'isolement» encourus, les militaires putschistes ont, sans surprise, catégoriquement refusé le retour au pouvoir du chef de l'Etat qu'ils ont destitué.
Les militaires qui ont renversé il y a deux mois le premier président démocratiquement élu en Mauritanie résistent depuis à toutes les pressions diplomatiques et ont catégoriquement rejeté l'ultimatum lancé par l'Union africaine (UA) pour que le président soit rétabli avant lundi.
Avant d'aller s'expliquer à Bruxelles, à la mi-octobre, devant ses 27 partenaires de l'Union européenne, le nouveau régime est confronté demain dimanche à une possible contestation populaire. Alors que le nouveau Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Leghdaf a interdit toute manifestation, en estimant que les Mauritaniens avaient «suffisamment manifesté», le Front national pour la défense de la démocratie, coalition de partis anti-putsch, a appelé à des «marches de protestation» dimanche. Les autorités militaires «supporteront l'entière responsabilité d'une quelconque confrontation qui pourrait avoir lieu dans la rue ce dimanche», ont lancé ses dirigeants. Les anti-putsch organisent leur «journée de la démocratie» à la veille de l'expiration de l'ultimatum de l'UA, dont le Conseil de paix et de sécurité a exigé le 22 septembre le rétablissement du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi le 6 octobre «au plus tard». Malgré «les risques de sanctions et d'isolement» encourus par les putschistes s'ils ne satisfont pas à cette «exigence», selon l'UA, les militaires ont, sans surprise, catégoriquement refusé le retour au pouvoir du chef de l'Etat qu'ils ont destitué après 15 mois au pouvoir. «C'est un ancien président. Un point, c'est tout, nous ne pouvons pas revenir en arrière», a lancé le général Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de la junte. Le 6 août, un décret du président «Sidi» était lu à la radio, limogeant les chefs des quatre corps de l'armée, dont le commandant de la garde présidentielle, le général Ould Abdel Aziz. Deux heures plus tard, le président était arrêté. Depuis, la junte s'est attribué «provisoirement» les pouvoirs présidentiels et a formé un gouvernement de civils avec le soutien d'une majorité de parlementaires. Ces élus considèrent que l'armée a «apporté la démocratie» en 2005 en renversant le précédent président Maaouiya Ould Taya, puis en soutenant «Sidi» pour qu'il soit élu en 2007 et qu'elle a donc le droit de «rectifier les choses» si le président fait «dévier la démocratie de son chemin et empêche le fonctionnement normal des institutions».
Plusieurs dizaines d'élus dénoncent cependant le coup de force, tel le président de l'Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkeïr, pour qui «la démocratie n'est pas un slogan, il faut la pratiquer, la première de ces pratiques, c'est se refuser à tout pouvoir imposé par la force et qui ne passe pas par le suffrage des populations».


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