Constat n Un pays toujours sous état d'urgence et des actes de violence qui continuent de menacer la stabilité du pays. Pour la Laddh, le bilan n'est pas brillant. Pour le président de la ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, (laddh) Maître Hocine Zahouane, la vision du chef du gouvernement Ouyahia, concernant la réédition du 5 octobre 1988 à des fins d'exploitation politique. Elle «laisse entendre que l'on n'effectue aucune lecture sérieuse et exhaustive des événements et que le spectre de troubles massifs pour n'avoir retenu que cela, hante encore les esprits vingt ans après». D'après le président de la laddh qui a animé hier, une conférence de presse au siège de la ligue, les raisons de telles craintes ne sont pas imaginaires, mais découlent d'un sentiment de blocage social et d'impasse politique. Le pays est toujours sous la chape de l'état d'urgence, a-t-il rappelé, en précisant que les actes de violence planent toujours et continuent de menacer la stabilité du pays. Plus loin, il dira encore que la jeunesse est désespérée et cherche à fuir le pays et que le mouvement social est réduit à des soubresauts chaotiques et sans finalité. «Nous sommes dans l'incertitude sécuritaire, constitutionnelle et institutionnelle», a-t-il précisé. 20 ans après les événements d'octobre 1988, l'interrogation qui se pose est, selon le conférencier, de savoir quelle leçon devrait être tirée de cet événement. L'intervenant en arrive ensuite à octobre 1988. Pour lui, il s'agit d'une rupture avec le système de cette époque. Les causes de cette rupture étaient liées à l'inadéquation du gouvernement et son organisation et à la situation sociale des algériens. Et, en aucun cas, ces événements ont créé la démocratie, a-t-il estimé. Evoquant la situation financière, Me Zehouane a qualifié notre économie «des plus fragiles», étant réduite à la dépendance de la rente pétrolière. «L'Algérie n'est pas un pays riche comme on aimerait le faire croire, après vingt ans, la production hors hydrocarbures est nulle et le pays continue d'être exposé à une économie de bazar, et à tous les risques, notre pays est vulnérable à plus d'un titre», a-t-il regretté. Sur le plan social, la détérioration n'est pas moindre, il suffit, enchaîne-t-il, d'observer le spectacle manifeste de la détresse sociale qu'exprime la généralisation du couffin de ramadan. Sur le plan politique, le conférencier a indiqué que la résurgence de la crise institutionnelle annoncée par un recours à «une révision abusive de la constitution achève et disqualifie toute la classe politique». De l'avis même de l'orateur, «la révision de la constitution est très dangereuse, cela va engager notre pays dans l'incertitude», a-t-il souligné. Pour ce faire, il appelle à faire sortir le pays de l'enfermement et de la dynamique de crise qui le ronge depuis des dizaines d'années. Il «faut avoir l'audace d'aller vers une refondation constitutionnelle, qui, à l'avenir, permettra à notre société de se doter de mécanismes de régulation pacifique et dynamique de ses conflits», conclut-il.