La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) se dit «scandalisée par les événements qui secouent aujourd'hui l'université algérienne». C'est à ce propos qu'une conférence de presse a été organisée hier au siège de l'organisation. En présence de Maître Ali Yahia Abdenour et des avocats, le président Hocine Zahouane a présenté un constat alarmant sur la situation qui prévaut dans les milieux universitaires, en particulier les enseignants. Le conférencier regrette le fait que des professeurs soient incarcérés ou mis sous contrôle judiciaire pour avoir revendiqué leur droit légitime. «Le droit social qui, par essence, est un droit de protection est perverti en droit répressif par la voie de l'instrumentalisation de la magistrature, utilisée pour briser les mouvements de grève et menacer les cadres syndicaux», indique le président dans sa déclaration. La preuve, poursuit-il, que des responsables de plusieurs syndicats autonomes à l'image Snapap, du Cnes sont déférés devant la justice et condamnés pour exercice du droit de grève. Ce qui est scandaleux, s'indigne Maître Zahouane, «c'est qu'une dizaine d'entre eux sont placés sous contrôle judiciaire pour les faire renoncer à l'exercice» de leurs activités syndicales. «Le recours à la procédure du référé pour rendre illégale toute déclaration de mouvement de grève, constitue par l'instrumentalisation des juges, une remise en cause d'un droit constitutionnel et une violation éhontée des conventions internationales ratifiées par l'Algérie», affirme le président de la Laddh. Pour lui, les dernières arrestations de professeurs à Sidi Bel Abbès, Alger et Constantine pour «des délits inconsistants et juridiquement infondés, attestent du degré de soumission des juges». «Il est vraiment décevant de voir des professeurs malmenés dans des postes de police», déplore-t-il en précisant que «les arrestations ont été menées sans mandat judiciaire». Devant cet état de fait, la ligue demande la levée immédiate des mesures de contrôle et l'extinction des poursuites judiciaires. Comme elle pense que la tutelle doit ouvrir un débat pour négocier avec les professeurs. Sur ce point, justement, le conférencier n'a pas omis de relever l'absence de mécanismes de règlement pacifique des conflits dans notre pays. Par ailleurs, plusieurs thèmes relatifs au développement de la scène nationale ont été également évoqués. Enfin et à propos des textes d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, la ligue ne compte pas faire marche arrière. Après avoir saisi les deux chambres du Parlement qui n'ont pas réagi, la ligue promet de saisir les instances onusiennes.