Résumé de la 8e partie n La sorcière continue le récit de sa vie notamment la mort du commandant chez qui elle vivait... «Je pleurai cet homme qui m'avait adorée et avait obéi à toutes mes volontés. «La vieille femme revint avec le vieux spahi que je connaissais déjà. Il pleura longuement son maître, puis s'étant consulté avec ma gardienne, il sortit et ramena avec lui des Français habillés de vêtements noirs, des officiers, beaucoup de monde qui envahit notre petite maison à grand bruit. Je m'étais voilée et je sanglotais dans un coin. Un des hommes noirs, que l'on nommait l'oukil el rey fit un signe à un Européen qui, s'approchant du corps, l'ouvrit, lui scia la tête, causant et écrivant sur un papier. «J'ai su plus tard que c'était un médecin et qu'il avait retrouvé dans ce corps les traces de la maladie qui avait tué le commandant. L'oukil me fit interroger par un interprète : je répondis de mon mieux, donnant des détails sur ce qui s'était passé avant et après mon sommeil. On écrivit mes réponses, puis on me demanda de les signer en arabe, ce que je fis. Après un interrogatoire très court de la gitane, on nous laissa seules dans la maison dont nous fermâmes les portes. «Nous nous préparions à nous coucher, lorsqu'on frappa doucement. Un colloque très long s'engagea entre la vieille qui était descendue et un homme ; puis j'entendis ouvrir la porte, le bruit de pièces d'argent qui tombaient dans les mains de ma gardienne et l'homme monta vers ma chambre. Je l'attendis sans frayeur, rien de plus malheureux que la mort du commandant ne pouvait m'arriver. «C'était l'interprète de l'oukil, un Kabyle comme moi. «Il me dit que j'étais accusée de la mort du commandant, que j'allais être mise en prison, condamnée peut-être au dernier supplice : je protestai de mon innocence, suppliant cet homme de me venir en aide. «Après m'avoir bien tourmentée, il m'offrit de me faire évader et de me cacher chez lui parmi ses femmes, à condition que je devienne son épouse. Je t'ai dit que j'ignorais tout de la vie, ayant vécu en dehors du monde : dans mon effroi, je consentis et cet homme est le deuxième qui m'a possédée. Que la malédiction de Dieu soit sur lui ! «Le lendemain matin, il s'éloigna en me disant qu'il allait revenir pour m'enlever, mais je ne le revis plus. Sa passion satisfaite, il ne pensa plus à moi, mais, moi, j'avais juré de me souvenir et de me venger ! «Vers le milieu du jour, le vieux spahi revint, me fit revêtir de voiles épais et m'intima l'ordre de le suivre. Je descendis plusieurs rues et on me fit monter dans une belle maison où m'attendait une femme chrétienne vêtue de noir. C'était la femme du commandant, me dit mon guide, qui se retira discrètement. «J'avais grand peur de sa vengeance, mais la vieille dame m'enleva mon voile et me contempla longtemps en pleurant silencieusement. Puis me prenant la tête à deux mains, elle me baisa longuement au front, murmurant des paroles tristes en français ; je sanglotais.. durant ces instants nos larmes se confondirent. «La dame ayant remis mon voile, appela le spahi ; elle me remplit les mains de pièces d'or et se retira ; je ne la revis plus. «Je restai quelque temps dans la maison, une servante m'apportait la nourriture. Un jour, enfin, le spahi vint me reprendre et me faisant monter sur un mulet, m'amena à petites journées jusqu'à Iril-Azereg, lieu de ma naissance. (à suivre...)