Tensions n Des échauffourées ont opposé à Nouakchott des policiers et des manifestants hostiles au pouvoir militaire. Dans le centre de la capitale mauritanienne, hier, mardi, des escouades de policiers casqués ont dispersé à coups de gaz lacrymogènes et de matraques des groupes de sympathisants du président déchu Sidi Ould Cheikh Abdallahi et qui exhibaient son portrait. Certains jeunes lançaient en retour des pierres sur les forces de l'ordre, mais la plupart des manifestants s'enfuyaient dès que les policiers les pourchassaient. Le nombre de manifestants était très difficile à déterminer. Des petits groupes de jeunes défiaient activement la police, mais de la foule des passants, apparemment spectateurs, fusaient de temps en temps des slogans demandant le départ du chef de la junte, le général Mohamed Ould Abdel Aziz. «A bas Aziz ! Vive Sidi !», criaient en arabe des hommes et des femmes. Six centrales syndicales, appelant à «résister à la dictature militaire en Mauritanie», avaient annoncé qu'elles maintenaient leur appel à manifester hier mardi, en dépit de l'interdiction de toute manifestation par la junte. Mais en fin d'après-midi, elles ont subitement modifié leur stratégie. «Aujourd'hui, nous avons décidé de maintenir notre programme de manifestations, mais nous avons changé carrément de formule pour passer d'une marche pacifique à une confrontation», avait prévenu le secrétaire général de la Confédération libre des travailleurs de Mauritanie. A la tombée de la nuit, le calme était revenu dans le quartier du carrefour de la Polyclinique, où avait eu lieu la confrontation. «Mais les sièges des organisations syndicales sont toujours assiégés par la police», affirmait le secrétaire général du syndicat, assurant que la répression des protestations avaient fait une vingtaine de blessés. Depuis Addis Abeba, l'Union africaine (UA) a, de son côté, réitéré sa position sur la crise mauritanienne et demandé le rétablissement du président renversé, à l'issue de consultations avec des responsables de la junte mauritanienne. Une vingtaine de sénateurs mauritaniens ont, de leur côté, lancé une initiative, dite de la «3e voie», pour sortir de la crise qu'ils résument dans le slogan : «Ni les militaires, ni Sidi (le président renversé)».