Campagne n Pour convaincre les mères de l'importance de l'allaitement maternel les scientifiques sollicitent les imams. Lors de la journée d'information organisée, hier, à Dar El-Imam (Mohammadia), sous l'égide de ministère de la santé, en collaboration avec le ministère des affaires religieuses et les représentants de l'Unicef en Algérie, des spécialistes de la santé ont reconnu que l'abandon de l'allaitement maternel représente un vrai danger de santé publique. En sollicitant les hommes de religion et les mourchidate (guides religieuses), les représentants du ministère de la santé et ceux de l'Unicef veulent les impliquer dans le programme de sensibilisation sur l'importance de l'allaitement maternel. Le professeur Lebane, qui préside le comité national de périnatalité et l'association Hôpitaux amis de bébés, a souligné que le taux de mortalité maternelle engendré essentiellement par cet abandon était estimé en 2007 à 89 personnes pour cent mille naissances. Pour sa part Manuel Fontaine, représentant de l'Unicef en Algérie, a lancé un appel à l'adresse des religieux. «Nous comptons énormément sur votre aide et contribution dans cette campagne d'information, du moment que vous êtes des voix crédibles aux yeux de la population. Sur le plan religieux, l'islam est clair sur cette question, puisqu'il encourage l'allaitement maternel», a déclaré ce responsable devant les nombreux imams engagés comme des «leaders d'opinion» pour épauler l'initiative des scientifiques. Ainsi l'appel lancé aux religieux montre que les scientifiques ne peuvent pas, à eux seuls, convaincre les femmes de «donner le sein et du lait naturel» à leurs nouveau-nés surtout pendant les 6 premiers mois de la vie du nourrisson. Comme l'ont signalé les médecins, le lait de la maman demeure important quant à la croissance et à l'épanouissement de l'enfant. L'allaitement maternel pendant les premiers mois de la vie jusqu'à l'âge de deux ans protège l'enfant des infections et lui procure des éléments nutritifs indispensables à sa croissance. Selon Manuel Fontaine, l'allaitement au biberon est loin d'égaler l'allaitement au sein. Contrairement à ce que prétendent certains, l'allaitement au sein n'est pas une pratique révolue ou qui est «anti-modernité». Au contraire, elle est encouragée actuellement dans les pays développés. Les campagnes d'informations dans ce sens sont importantes pour persuader les mères à «donner leur lait» à leurs bébés. Certes, des raisons peuvent expliquer le désintérêt des femmes à appliquer les conseils des médecins. L'état de santé, les engagements professionnels et la malnutrition sont quelques obstacles qui poussent les femmes à «priver» leurs enfants de leur lait. l Des résultats d'une étude menée par le Centre national de la santé en 2006 auprès d'environ 6 000 femmes dans quelques régions du pays ont démontré que l'allaitement maternel chez les mères non instruites est très important par rapport à celles de niveau supérieur. En effet, l'allaitement au sein est plus important chez les mamans sans aucun niveau, et ce, avec près de 56%. Près de 54% des mères qui ont un niveau primaire allaitent au sein leurs nouveau-nés. Concernant les mères qui ont un niveau supérieur, leur pourcentage est de 35% seulement. L'enquête a montré aussi que l'allaitement maternel se pratique beaucoup plus chez les mères habitant les régions rurales avec 53,4% contre 46,1% chez les mères citadines.