Résumé de la 7e partie n Gilbert Renault – avec sa famille et la carte dans ses bagages –, se retrouve dans la cale du «Deux anges». Bientôt la cale est pleine. Effectivement, ses occupants n'ont pas la possibilité de faire le moindre geste. Leur situation est inconfortable, mais elle n'est pas prévue pour durer longtemps. Le Deux Anges a rendez-vous au large avec le N-51, une vedette rapide anglaise. En fait, le seul problème de la traversée est le contrôle à Port-Manech. Si les Allemands ouvrent l'écoutille, ils ne pourront pas faire autrement que de trouver ses occupants. Alex Le Quérec et ses trois hommes d'équipage sont graves. Ils savent que, dans ce cas, ils n'échapperont pas au peloton d'exécution. Dans la cale, il règne une forte odeur de poisson. Conjuguée au roulis, elle donne la nausée, mais tout le monde est trop tendu pour avoir le mal de mer. Pendant un quart d'heure environ, la traversée se poursuit, rythmée par le ronronnement du moteur et puis celui-ci s'arrête, tandis que des appels se font entendre au loin. Cette fois, le moment décisif est arrivé. Il se trouve que c'est le colonel Rémy qui a le bébé dans les bras. Il dort tranquillement depuis le départ du bateau, mais l'arrêt l'a réveillé et il se met à gazouiller. Au même moment, un choc suivi d'un bruit de bottes retentit, là-haut sur le pont. Les Allemands sont là, ils ont choisi de contrôler le Deux Anges. S'ils se contentent d'examiner les papiers de bord, il reste un espoir, s'ils ouvrent l'écoutille, tout est perdu ! Avec l'arrêt du moteur, c'est le silence le plus complet qui règne à bord. La mer est calme, on n'entend pas le moindre ressac. Cela a l'air de plaire au petit dernier de la famille Renault, qui continue à gazouiller de plus belle. A présent, dans les bras de son père terrorisé, il se met à rire. Il y a un bruit infernal dans la cale. Rémy comprend que l'un des marins vient de faire tomber la chaîne de l'ancre sur les planches du pont pour couvrir le rire du bébé. Mais il ne pourra pas recommencer son manège et l'enfant continue à babiller. Lorsqu'ils débarqueront, les Alliés auront, grâce à la carte fournie par la Résistance, une connaissance exacte des défenses allemandes qui leur font face. Sans qu'on puisse dire que c'est grâce à cela que le Débarquement a réussi, cet élément a eu une importance considérable dans le déroulement de l'opération. Or, en cet instant précis, ce facteur historique décisif dépend de la voix d'un bébé. Rémy sait qu'il doit impérativement le faire taire, mais il ne voit pas comment s'y prendre. Il pense alors à une boîte de cachous qu'il a dans sa poche. S'il lui en met un dans la bouche, peut-être qu'il le sucera et qu'il se taira. Evidemment, il risque au contraire de le recracher ou de l'avaler de travers et de tousser ou bien encore de ne pas aimer le goût et de pleurer. Mais les bruits de bottes et le babil continuent. Rémy met la main à sa poche et introduit la petite pastille dans la bouche de son fils. Le bébé a un instant d'hésitation et puis, c'est le miracle il se tait d'un coup. Quelques minutes plus tard, les soldats allemands repartent sans avoir ouvert la cale du Deux Anges, qui reprend sa route. La suite se passe sans incident. Le transbordement sur le N-51 se fait quelques heures plus tard, au large de la Bretagne et la famille Renault arrive le lendemain à Londres, avec les plans du mur de l'Atlantique. Ainsi s'est terminé un des plus remarquables exploits de la Résistance. Il avait fallu pour cela beaucoup de chance et aussi beaucoup, beaucoup de courage.