Résumé de la 5e partie n G. Duchez apporte la carte aux résistants qui vont l'envoyer à Paris pour la remettre au colonel Rémy... René Girard se rend dans un petit appartement de l'avenue Carnot. Rémy y passe régulièrement : il n'a plus qu'à l'attendre. Il a ainsi tout loisir d'étudier la fameuse carte qu'il n'avait pas osé ouvrir jusque-là. C'est prodigieux ! Il s'agit du plan établi au 1/50 000 des fortifications allemandes sur la côte normande, du Havre à Cherbourg. Tout y est : les blockhaus ainsi que les tunnels qui les relient entre eux, les dépôts de munitions, les champs de mines. Jamais peut-être la Résistance n'avait fourni un pareil renseignement ! Enfin, fourni, pas tout à fait encore. Il faut faire sortir la carte de France et la porter à Londres, et la chose est loin d'être gagnée d'avance. C'est de la responsabilité de Rémy, qui ne tarde pas à se présenter. L'entrevue entre les deux hommes est brève. Rémy prend connaissance des documents sans manifester de sentiment particulier. René Girard s'en va. Le rôle du réseau Malherbe est terminé. La suite ne le regarde pas. Il reprend le jour même le train pour Caen. Le colonel Rémy, de son côté, décide de ne rien précipiter. Ce n'est pas que l'importance de la carte lui échappe, mais il juge qu'il n'y a pas urgence. Ce qui est décrit, en effet, ce ne sont pas des ouvrages existants, mais à construire. Ces renseignements capitaux ne seront utiles que dans un an au moins, pour effectuer des bombardements ou même en vue d'un éventuel débarquement. Il vaut donc mieux prendre son temps et faire la livraison à Londres dans les meilleures conditions de sécurité. Malheureusement, les choses ne vont pas se dérouler selon ce scénario. Peu de temps après, le 12 juin, Gilbert Renault a rendez-vous avec Georgina Dufour à la station de métro Muette. Georgina, la soixantaine soignée, est la vieille domestique de ses sœurs. Régulièrement, elle lui donne des nouvelles de sa famille, notamment de sa femme et de ses quatre enfants qui sont à l'abri à Pont-Aven. Georgina annonce sans élever la voix : — Vos sœurs ont été arrêtées par la Gestapo. Gilbert Renault a l'impression que le temps s'arrête. Mais elle poursuit avec le même calme. — Tout s'est bien passé. Ils les ont emmenées rue des Saussaies pour les interroger et ils les ont relâchées. C'est vous qui êtes en danger, pas elles. — Pourquoi moi ? — Ils savent tout sur vous : votre nom et tous vos faux noms, Rémy, Morin, Watteau, Raymond. Et ils ont même dit à vos sœurs : «Nous savons qu'il a une femme et quatre enfants, qui se cachent en Bretagne près de la côte.» Gilbert Renault remercie Georgina Dufour et monte dans la rame de métro qui arrivait à cet instant. Tout est changé ! Son arrestation est une question de jours, peut-être d'heures. Il doit immédiatement partir pour Londres avec les documents les plus importants. Et il faut qu'il fasse traverser la Manche à sa femme et à ses enfants, qui sont en danger également. Tout cela va s'effectuer dans la précipitation et même l'improvisation, mais il n'a pas le choix. (à suivre...)