Interrogations n Les Algériens sont-ils radins ? Si oui, pourquoi et comment procèdent-ils ? En l'absence d'études sur la question, il est très difficile de répondre à ces interrogations. Surtout quand on sait que les radins sont… avares en mots quand il s'agit de se dévoiler. Une chose est sûre : il existe dans notre société des avares qui n'ont rien à envier à Harpagon, ce personnage de l'Avare – la pièce de théâtre écrite par Molière en 1668 – pour qui dépenser est synonyme de torture. D'un certain âge dans leur majorité, ils détestent mettre la main à la poche. Et pour cause : ils ont été élevés, pour la plupart, dans des conditions qui les ont forcés à se serrer la ceinture. C'est le cas de Mahmoud, 54 ans, qui a eu une enfance très difficile. «A notre époque, manger à sa faim était un luxe que peu de gens pouvaient se permettre. Pratiquement, tout manquait. Personnellement, j'ai vécu de durs moments qui m'ont marqué à jamais. La misère, je sais ce que c'est ! C'est pourquoi je fais tout mon possible pour mettre un peu d'argent de côté aujourd'hui. Je suis loin d'être radin, mais je reconnais que je fais mille et un calculs avant de dépenser le moindre sou. Je dépense utile. ‘'Un homme averti en vaut deux'', comme dit l'adage»,raconte-t-il. D'autres ont été peu confrontés aux difficultés de la vie. Il n'empêche qu'ils ont des oursins dans les poches. La raison ? Ils ont des dettes à rembourser. Il faut dire qu'avec l'ouverture du secteur bancaire à la concurrence, le crédit est devenu plus ou moins accessible. Bon nombre de ménages en ont profité pour financer leurs projets. Du coup, ils se sont retrouvés dans l'obligation de limiter au maximum leurs dépenses pour pouvoir rembourser à temps les prêts contractés. D'autres encore se privent de tout ou presque afin de réaliser leurs rêves. Pour eux, l'essentiel est de parvenir à leurs fins. Last but not least, certains n'ont ni dettes à rembourser, ni projets en tête. Mais ils sont quand même radins. «Ils ont l'avarice dans le sang», diront d'eux les uns. «Ils sont radins de père en fils», rétorqueront les autres. Leur comportement est d'autant plus incompréhensible qu'ils sont à l'aise financièrement et n'ont jamais souffert sur le plan matériel. La radinerie reste un grand mystère que même les sociologues n'arrivent pas à percer, au jour d'aujourd'hui. Tout ce que l'on sait pour le moment, c'est que plus on gagne d'argent et moins on dépense.