Résumé de la 21e partie n Nous allons commencer notre série de contes kabyles, par un récit plaisant, relevé dans la vallée de la Soummam. On connaît beaucoup de personnages facétieux, comme M'qidesch ou Les fourberies du chacal et du hérisson, mais on connaît peu le personnage de Cha'chou'a' et de son époux Cha'chou'. Cha'chou'a', nous dit la conteuse, est une femme idiote et surtout inconséquente. Il suffit qu'on lui dise qu'une chose est mauvaise pour qu'elle la trouve bonne ou qu'une chose est bonne pour qu'elle la trouve mauvaise. Elle le fait par esprit de contradiction, mais aussi parce qu'elle croit tout savoir. Son mari, Cha'chou' est aussi idiot qu'elle et, comme il pense avoir épousé une lumière, il donne toujours raison à sa femme. «Ma femme sait tout, elle a toujours raison !» Le couple a quatre enfants, trois filles, toutes mariées et un garçon encore en bas âge. Aussi étrange que cela puisse paraître, les enfants ne ressemblent pas à leurs parents. Les filles s'en sortent bien dans leur foyer et il faut dire qu'elles ne sont pas malheureuses : au contraire, elles se sentent bien depuis qu'elles ne vivent plus avec leur parent. Un jour, Cha'chou'a' dit à Cha'chou' : — Voilà longtemps que nous n'avons vu nos filles. — Depuis qu'elles sont mariées, elles ne viennent plus nous voir ! — Et pourtant, nous nous sommes sacrifiés pour elles, nous les avons mariées, elles sont heureuses dans leur foyer ! L'homme soupire. — C'est de l'ingratitude ! Mais Cha'choua' change aussitôt d'avis. — Peut-être qu'elles sont malades… ou qu'on les empêche de venir nous voir ! — Tu crois qu'on leur interdit de nous rendre visite ? — C'est possible ! — Leur époux ? Leur belle-mère ? — Peut-être… — Alors, si c'est comme ça, nous devrions aller les voir ! Elle répondit : — J'allais te le proposer ! — Alors, il faut y aller ! — Maintenant ? — Oui… Si tu veux nous partirons aujourd'hui même ! — Je n'ai rien à leur donner. Je pourrais faire des beignets et des crêpes, mais cela va prendre du temps ! — Ce n'est pas important : elles seront si heureuses de nous voir qu'elles en oublieront les cadeaux ! — Et puis, si elles veulent des beignets et des crêpes, je les ferai sur place ! — Alors, allons-y ! — Je prends le petit et nous partons ! (à suivre...)