Il était une fois, un riche marchand reconnu pour sa légendaire avarice. Il était si avare qu'il portait les mêmes savates qui lui valurent le nom de Bou Naâla. Un jour pourtant, l'infortune commença à le poursuivre. Ce conte très populaire qui a tant bercé notre enfance est devenu une icône sociologique qui déteint sur notre quotidien. Passant pour être un grand magnat dans les cours princiers, Bou Naâla. portait les mêmes sandales depuis que ses pieds avaient fini de grandir. Puantes et rapiécées de toutes parts, elles étaient immondes. Un jour, il se rend au hammam. Il y dépose ses savates à l'entrée mais lorsque le Sultan entre à son tour, le gardien du hammam préfère cacher les savates immondes. En sortant, Bou Naâla trouve de magnifiques souliers. Pensant qu'un bon génie est passé par là, il les chausse et s'en va. Pour tout le monde, l'affaire est claire : l'avare a volé le Sultan. Bou Naâla est jeté en prison. Il est obligé de payer très cher pour en sortir. Furieux contre ses savates, il les jette dans le fleuve. Quand un pêcheur les retrouve, il va se plaindre au Sultan car les chaussures ont déchiré son filet. Bou Naâla, de nouveau en prison, doit payer pour sortir. Quand il cherche alors à les enterrer, on le soupçonne d'avoir trouvé un trésor, et le Sultan le convoque encore une fois... Malédiction ? Malchance ? Ou juste le prix de l'avarice ? A chacun d'interpréter ce petit conte facétieux Ce répertoire du conteur professionnel Abou El Kassem, lui vient de sa tribu maternelle, les Ouled Sidi Khaled, dans le sud-ouest de l'Algérie. Ici, il a adopté et adapté avec délice ce célèbre conte des Mille et Une Nuits, qu'il connaît depuis l'enfance., Abou Kassem est l'auteur des Contes du Djebel Amour ainsi que d'un second «Petit conte du tapis», Hadidouène et l'âne de l'ogresse. A travers ce succulent conte, on y retrouve toute la parodie culturelle de notre tendre enfance. Tous les effluves d'Orient qui ont tant marqué le récit des mille et une nuits y sont présents. On n'aura pas mieux fait que de suivre patiemment cette anecdote aux allures d'un gavroche mal loti dans sa fausse personnalité de grand marchand dans les cours royales. L'hypocrisie et l'imposture y sont présentes dans le quotidien de ce personnage qui arrive à camper des rôles contemporains pour mettre en exergue une situation prémonitoire qui sévit actuellement dans notre société.