Propriété n Plus l'or vieillit et prend de l'âge, plus son prix augmente. Aussi loin que l'on remonte dans le temps, l'or a toujours fasciné les hommes au point que des alchimistes ont consacré toute leur vie pour le fabriquer en laboratoire, en vain. Une légende bien sympathique prétend qu'un chercheur fou aurait trouvé la formule qui transformerait n'importe quel métal en or et qu'elle lui aurait été subtilisée durant l'inquisition. Mais la réalité du terrain est bien têtue, si l'on veut avoir de l'or, il faut évidemment le chercher, l'extraire d'une mine, le nettoyer, le convoyer, le peser et comparer l'investissement et les efforts qui ont été consentis pour le soustraire au poids qui en a été retiré... A partir des plateaux de la balance qui pencheront vers l'un ou vers l'autre, on dira alors que ce gisement est rentable ou pas. Et le plus souvent il ne l'est pas puisqu'on extrait généralement trois grammes d'or d'une tonne de sable filtré. Le cinéma américain a largement contribué à vulgariser cette ruée extraordinaire de fermiers et de mormons vers l'Ouest où les premiers gisements aurifères venaient d'être découverts. Des villages, des villes même avec leur saloon, leurs écuries, leur shérif et leurs commerces ont vu le jour autour et près de ces mines avec souvent leurs tribunaux et leurs prisons pour mauvais garçons. Mais dès que le filon était tari et que les pépites se faisaient rares, la ville levait le camp. C'est ainsi que sont nées des villes fantômes que le sable a envahies et dont certaines sont devenues aujourd'hui des musées à ciel ouvert pour touristes en mal de western. Mais cette ruée vers l'ouest sauvage ne s'est pas éteinte pour autant bien au contraire. A chaque fois qu'un mineur se lance à l'aventure de l'or et découvre un filon prometteur au pied d'une montagne, c'est toute la montagne qui était prise d'assaut, percée et rongée comme un vulgaire morceau de gruyère par une nuée de chercheurs venus des quatre coins du globe. La réalité géographique et géologique de notre planète nous commande de préciser cependant que l'or existe partout. Il se trouve en plus ou moins grande concentration à travers tous les pays du monde. Mais dans certains endroits plus que d'autres. L'Afrique du Sud en est un parfait exemple au point que de grandes entreprises de Johannesburg ont soumissionné pour l'exploitation de nos gisements au Sahara. Indépendamment de ses qualités physiques (il est pur, naturel innommable et chatoyant), l'or reste un métal rare et très recherché d'où sa très grande valeur marchande. A titre d'exemple, les louis d'or qui se monnayaient en 1950 à 25 000 francs anciens et les doublons, beaucoup grands mais à l'effigie de Napoléon, à 10 000 francs anciens sont pesés aujourd'hui à 6 000 Da pour les uns et 9 000 DA pour les autres, tout dépend des marchés officiels et, pour ce qui nous concerne, des «dellallete». Exactement à l'image des vins de grands crus ou d''appellation d'origine contrôlée, plus l'or vieillit et prend de l'âge et plus longtemps il est stocké plus son prix augmente. Ce qui nous conduit à cette situation tout à fait insolite en matière d'échange et de commerce. Un bijoutier qui prendrait dix années sabbatiques en fermant sa boutique trouverait à son retour une marchandise dont le prix aura doublé, voire triplé. Sans le moindre effort. Voilà, entre autres, pourquoi l'or est la monnaie universelle la plus sûre.